Le ton monte entre Hydro-Québec et les opposants à ses compteurs intelligents. Ceux-ci fourbissent leurs armes avec l’appui de certains maires de municipalités.
À l’Assomption, une petite ville du Québec, une trentaine d’opposants aux compteurs intelligents bravaient le froid cette semaine pour manifester devant le lieu d’une rencontre entre leurs élus municipaux et des représentants d’Hydro-Québec.
« Je trouve qu’il est temps, nous autres les Québécois, de se lever et de dire non », dit une manifestante.
Le maire Jean-Claude Gingras appuie ses citoyens et met en garde Hydro-Québec. « Au niveau des citoyens de ma ville, l’Assomption, ils vont pogner des compteurs barricadés, ça je peux vous le garantir », dit-il.
Or, empêcher l’accès aux compteurs n’est pas légal, selon Hydro-Québec. « Lorsqu’un client a un contrat d’abonnement pour le service d’électricité avec nous, il est tenu de nous donner accès à ses appareils de mesurage, et ses compteurs nous appartiennent », explique Patrice Lavoie, porte-parole d’Hydro-Québec.
Ils vont à contre-courant pour arrêter l’arrivée de compteurs électriques intelligents
Les abonnés visés par la première phase d’installation de compteurs intelligents ont reçu un avis d’Hydro-Québec, leur expliquant la démarche, car, qu’on le veuille ou non, impossible de conserver son ancien compteur électromécanique.
La Régie de l’énergie a tranché à ce sujet en 2012. Tous les abonnés d’Hydro-Québec auront un compteur numérique.
Le seul choix qui reste pour ceux qui s’inquiètent pour leur santé, c’est un compteur non communicant qui coûte 206 $ par année, en plus des frais d’installation de 98 $.
Les compteurs en chiffres
- Hydro-Québec a installé 1 100 000 compteurs intelligents sur 1 700 000 prévus dans cette première phase d’installation.
- Seulement 3700 abonnés se sont prévalus de l’option du compteur non communicant (0,4 %) et devront payer les frais supplémentaires.
- D’ici 2018, 3 800 000 nouveaux compteurs seront installés.
- Hydro-Québec prévoit remplacer ses 3,8 millions de compteurs électromécaniques par des compteurs intelligents d’ici 2017.
Débats sur les effets sur la santé
Selon Hydro-Québec, il n’y a aucune inquiétude à avoir quant à l’impact de ces compteurs sur la santé humaine. « Ils émettent beaucoup moins de radiofréquences qu’un micro-ondes, et encore moins qu’un téléphone cellulaire, par exemple », explique Patrice Lavoie, porte-parole d’Hydro-Québec. « C’est 120 000 fois inférieur aux normes canadiennes. »
Selon Patrice Lavoie, toute personne qui préfère se faire installer un compteur qui n’émet pas de radiofréquences, peut le faire, moyennant des frais d’installation de 98 $ ainsi que des frais annuels de relève de données de 206 $.
Cependant, selon Stéphane Bélainsky, expert en mesure d’ondes électromagnétiques dans les milieux résidentiels, « avec 3,8 millions de compteurs, les personnes qui sont électrosensibles risquent d’être affectées par les ondes émises par les compteurs de leurs voisins. »
Les problèmes des gens sensibles aux radiofréquences vont du trouble du sommeil aux maux de tête en passant par l’arythmie cardiaque, par exemple. Il n’existe cependant pas de consensus scientifique autour de la question de l’électrosensibilité.
Ailleurs, le monde se branche aux compteurs intelligents
Dans plusieurs nations développées et tout juste à côté du Québec, dans la province de l’Ontario, des programmes géants de conversion vers des réseaux de compteurs électriques se sont déroulés sans grands heurts et connaissent un véritable succès.
Dans le monde entier en fait, gouvernements et distributeurs d’électricité se sont emparés de la question, emboîtant le pas à l’Italie, premier grand pays à être intégralement doté de cette génération de compteurs.
En septembre 2009, l’Union européenne a fixé aux États membres un objectif de déploiement des compteurs intelligents dans 80 % des foyers européens d’ici à 2020, et 100 % d’ici à 2022.
L’exemple de la province de l’Ontario
L’Ontario Energy Board a terminé l’an dernier l’installation de compteurs intelligents dans presque tous les foyers et habitations de la province.
L’Ontario a introduit des compteurs intelligents – ainsi qu’une structure tarifaire basée selon l’heure de la consommation – pour permettre aux consommateurs de gérer leurs coûts d’électricité tout en aidant l’Ontario à mettre sur pied un système électrique plus efficace et écologique.
Le saviez-vous?
- Un compteur « intelligent » est un compteur disposant de technologies avancées qui identifient de manière plus détaillée et précise, et éventuellement en temps réel la consommation énergétique d’un foyer, d’un bâtiment ou d’une entreprise, et la transmettent, par téléphone ou courants porteurs en ligne (CPL), à la compagnie d’électricité.
- Les compteurs « intelligents » peuvent notamment établir des factures en temps réel et repérer les postes qui coûtent le plus au client. Ils peuvent éventuellement l’informer de microcoupures ou de pertes sur le réseau électrique. Du point de vue de l’entreprise, ils permettent des gains de productivité importants par la suppression des emplois de personnels chargés du relevé des compteurs.
- Lorsque le compteur est en plus programmable à distance et équipé d’un appareil de coupure à distance, il est dit AMM (Advanced Meter Management). Cette deuxième qualité est capitale, car elle va bien au-delà du simple relevé à distance et ouvre l’ensemble du réseau de distribution d’électricité à des évolutions profondes génériquement connues sous le nom de « réseau intelligent ».
Liens externes
Pour mieux comprendre les compteurs intelligents – Hydro-Ontario
Votre santé et les compteurs intelligents – Gouvernement du Canada
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