Les Américains suggèrent publiquement que le Canada aussi doit agir.
Quelques heures après que président Barack Obama ait dévoilé lundi les grandes lignes de son audacieux plan de réduction des émissions de gaz à effet des États-Unis, l’ambassadeur américain à Ottawa a exhorté le Canada à faire de même et à prendre des mesures pour lutter contre le changement climatique.
Dans son premier discours officiel depuis son entrée en fonctions en avril, le nouvel ambassadeur américain au Canada, Bruce Heyman, a encouragé le Canada à ne pas attendre : « Nous devons continuer à travailler ensemble vers un avenir faible en carbone, avec des choix d’énergies alternatives, avec une plus grande efficacité énergétique, et l’exploitation durable de nos réserves de pétrole et de gaz ».
Il a ensuite encouragé le Canada à se joindre aux États-Unis pour lutter contre le changement climatique : « L’abondance de l’énergie retrouvée en Amérique du Nord ne doit pas nous détourner de la nécessité d’améliorer notre efficacité énergétique et notre combat contre le changement climatique. Ce n’est pas une tâche que nous pouvons entreprendre individuellement. »

Aide-mémoire…
- L’administration Obama a présenté lundi son plan de réduction de 30 % des émissions de dioxyde de carbone provenant des centrales électriques américaines d’ici quinze ans, par rapport à 2005.
- Il s’agit d’une des actions les plus importantes en matière de lutte contre les changements climatiques de toute l’histoire des États-Unis.
- Avec ce plan détaillé de plus de 600 pages, les États-Unis veulent notamment inciter avec plus d’insistance d’autres pays à agir dans la lutte contre les changements climatiques dans le cadre de négociations sur un nouveau traité international qui doivent reprendre l’an prochain.
Le fossé qui sépare la stratégie américaine et celle du Canada
Les Américains consomment énormément de charbon, beaucoup plus que le Canada, ce qui est la source d’énergie la plus polluante et de loin. Le charbon fournit maintenant un peu moins de 40 % de toute l’électricité des États-Unis alors qu’au Canada ce pourcentage n’est que de 8 % à peine.
Malgré tout, les États-Unis sont en ce moment sur la bonne voie pour atteindre leur objectif de réduction des émissions pour 2020. Les Américains sont en bien meilleure posture à ce chapitre que les Canadiens puisque notre pays risque de ne se retrouver qu’à mi-chemin par rapport à son propre objectif de réduction de gaz à effet de serre s’il ne change pas de trajectoire, notamment au niveau de son extraction de pétrole des sables bitumineux de l’Alberta. Cette extraction serait selon certains environnementalistes la plus importante source de gaz à effet de serre de tout le Canada.
Réaction du gouvernement canadien aux pressions du plan Obama
Des sources à Ottawa ont confirmé que M. Harper avait écrit au président Barack Obama le mois dernier pour lui proposer de collaborer plus étroitement sur la réglementation régissant les émissions de GES dans une tentative pour obtenir l’approbation du controversé projet de pipeline Keystone XL.
Hier, le bureau du premier ministre a refusé de confirmer qu’une lettre avait été envoyée, mais a déclaré que le gouvernement fédéral souhaitait depuis longtemps harmoniser ses politiques sur les GES avec celles de Washington.
Un porte-parole de Stephen Harper a affirmé que le Canada et les États-Unis avaient déjà intégré leurs économies dans le secteur du pétrole et du gaz, ce qui montrait l’importance pour les deux pays de continuer à travailler de concert pour réduire les émissions de GES.
Un porte-parole du ministre de l’Environnement, Joe Oliver, et des acteurs de l’industrie pétrolière ont soutenu qu’ils n’étaient pas au courant de la missive transmise par M. Harper au président américain.
Les écologistes des deux côtés de la frontière canado-américaine ont accueilli avec scepticisme l’information selon laquelle le premier ministre Stephen Harper aurait offert à la Maison-Blanche d’établir des normes communes pour les émissions de gaz à effet de serre (GES) en Amérique du Nord.
- L’oléoduc Keystone XL doit transporter du pétrole brut de l’Alberta jusqu’au Texas et fait face à une opposition virulente de la part d’écologistes. Il est toujours à l’étude au département d’État américain.
- Le Keystone Pipeline est un oléoduc de 2 700 km de long proposé par la compagnie TransCanada dès 2008 pour le transport d’hydrocarbures synthétiques et de bitume dilué depuis la région des sables bitumineux de l’Athabasca, dans le nord-est de l’Alberta, vers plusieurs destinations aux États-Unis, dont des raffineries en Illinois et à Cushing en Oklahoma. Le coût en est évalué à 7 milliards de dollars.
- La décision sur Keystone incombera ultimement au président Barack Obama, qui a dit qu’il approuverait le projet seulement s’il ne fait pas croître significativement les émissions de gaz à effet de serre.
Liens externes
U.S. urges Canada to act on climate change – Globe and Mail
Obama présente un plan ambitieux de réductions des émissions de CO2 – Radio-Canada
Le plan Obama pour le climat – Le Devoir
Nos articles récents
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.