Les abeilles se portent mal dans le monde. À qui la faute? À quoi la faute plutôt?
À l’utilisation de pesticides dans les exploitations agricoles commerciales et plus particulièrement aux pesticides néonicotinoïdes qui causent la mort des abeilles et d’autres pollinisateurs.
C’est ce qu’a conclu une équipe internationale de scientifiques indépendants qui a, par le fait même, remarqué que ces substances actives n’ont pas été détectés sur les abeilles de Terre-Neuve pour la simple et bonne raison que ces formes d’agricultures sont absentes de cette province de l’est du Canada.
Ces scientifiques, une cinquantaine, ont étudié pendant quatre ans l’impact des pesticides systémiques (ceux qui pénètrent à l’intérieur de la plante) à base de néonicotinoïdes et de fipronil. Ils ont ainsi remarqué que les néonicotinoïdes persistent pendant longtemps dans le sol, qu’ils sont lessivés et se retrouvent dans les cours d’eau, représentant un risque non seulement sur les insectes et les animaux, mais aussi sur les écosystèmes.
«Ces pesticides ont trois propriétés qui expliquent leur succès : ils sont extrêmement toxiques pour les espèces, très persistants, et solubles dans l’eau » Jean-Marc Bonmatin, chercheur au centre de biophysique moléculaire à Orléans (CNRS), spécialiste des neurotoxiques.
Les auteurs de l’étude recommandent aux autorités de durcir la réglementation afin de réduire drastiquement l’utilisation de ces pesticides. Une utilisation restreinte aiderait ainsi à augmenter les chances de survie des abeilles.
30 % des populations d’abeilles meurent chaque année. Si l’utilisation actuelle des pesticides néonicotinoïdes se poursuit sans restriction, Jean-Marc Bonmatin craint que l’extinction des abeilles ne devienne une réalité.
Pour le moment, ni les fermiers ni les producteurs des pesticides ne sont chauds à l’idée d’une interdiction.
Abeilles et autres pollinisateurs ne sont pas les seuls touchés
Les pesticides systémiques sont également nuisibles pour les invertébrés terrestres, notamment les vers de terre, pour les invertébrés aquatiques, les vertébrés tels que les oiseaux, les poissons, les amphibiens et très probablement les reptiles.
Pendant ce temps aux États-Unis
Le président Barack Obama a annoncé dernièrement la création d’un groupe de travail gouvernemental pour déterminer les causes du déclin des abeilles, mais aussi des papillons, diptères et coléoptères. Le nombre de ruches américaines est passé de 6 millions en 1947 à 2,5 millions actuellement. Là encore le coupable se nomme pesticide, et plus particulièrement la classe d’insecticides nommés néonicotinoïdes.
Depuis 2007, 30 % des colonies disparaissent chaque hiver aux États-Unis. Pendant l’hiver 2012-2013, 29 % des colonies ont disparu au Canada, et 20 % en Europe.
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