Des scientifiques sont maintenant certains qu’au moins deux cougars ont sillonné le Québec au cours des dernières années ainsi que le Nouveau-Brunswick dans les Maritimes.
François-Joseph Lapointe, professeur au département des sciences biologiques de l’Université de Montréal confirme que depuis 2001, des poils de cougar ont bel et bien été récoltés en Gaspésie et au Bas-Saint-Laurent par des scientifiques.
Pour détecter la présence du cougar, 38 poteaux sur lesquels l’animal peut se frotter, et où on y a déposé des extraits olfactifs d’urine de cougar pour les attirer, ont été installés en Gaspésie et en Estrie au Québec, aussi au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse.
Au Canada, on trouve surtout des cougars dans l’Ouest du pays. La sous-espèce de l’Est, est très rare à tel point où on la croyait disparue.
Entre 2001 et 2012, 476 échantillons de poils ont été recueillis. « La plupart du temps, explique le chercheur, ce sont des poils de loup, de lynx et même des poils humains. Dans la baie de Fundy, on a même récolté des poils de phoque, mais dans 19 cas, on a eu des échantillons positifs pour des poils de cougar. »
Le chercheur souligne cependant qu’il n’y a sans doute pas 19 cougars sur le territoire couvert par l’étude. « On a, poursuit-il, des échantillons qui viennent du parc national de Forillon au Québec qui ont été récoltés de 2004 à 2009. Il n’y a rien qui nous dit que sur les tests positifs qu’on a eus, que ce n’est pas le même cougar qui s’est frotté sur les poteaux. »
Sur les 19 échantillons positifs, huit ont été trouvés en Gaspésie et un dans la région de La Matapédia.
Deux espèces différentes
À partir de l’ADN, une étudiante de François-Joseph Lapointe a développé un marqueur génétique qui permet de faire les distinctions entre les cougars originaires de l’Amérique du Nord et ceux d’Amérique du Sud.
Au total, six échantillons proviendraient du cougar de l’Amérique du Sud et 10 de l’Amérique du Nord. L’origine des trois autres prélèvements demeure indéterminée.
Des échantillons des deux types de cougars ont été retrouvés en Gaspésie ce qui permet de confirmer la présence d’au moins deux bêtes. « J’avoue, relève M. Lapointe, que la probabilité pour un Gaspésien de rencontrer un cougar dans le bois demeure très, très faible. »
Bien que plus de 1000 observations aient été rapportées dans la province de Québec depuis les années 1950, difficile d’affirmer avec conviction que ce grand félin est de plus en plus présent au Québec. « Il faut, avertit M. Lapointe, toujours être très circonspects quant aux observations des citoyens. Si vous saviez le nombre de photos ou de vidéos que je reçois qui sont truquées ou sur lesquelles on voit des chats domestiques ou des chiens ou des loups. »
La présence de cougar a même été rapportée aux Îles-de-la-Madeleine. Là aussi, il est difficile de confirmer la chose puisque l’étude ne couvrait pas le territoire de l’archipel.
Plusieurs hypothèses
Au Québec, un cougar a néanmoins été abattu au fusil en Abitibi en 1992. Deux autres cougars ont aussi été tués par des voitures, un en Estrie et un autre dans les Laurentides.
Les scientifiques estiment toutefois qu’il est impossible d’affirmer s’il s’agissait d’animaux sauvages ou de bêtes qui se seraient échappés de propriétés privées ou de zoos.
Au moins trois hypothèses circulent pour expliquer la présence de cougar sur les territoires de l’Est du Canada.
Certains chercheurs avancent que les cougars ont toujours été présents au Québec et que les populations auraient été moins visibles ou en trop petit nombre pour être aperçues. Ce sont ces cougars qui réapparaîtraient aujourd’hui.
Une autre hypothèse veut que ce soient des cougars qui ont migré de l’Ouest canadien. « Il y a un exemple de ça. On a au Connecticut un cougar qui a été tué en 2011 et on sait qu’il a migré pendant 1500 km puisqu’il venait du Dakota-du-Nord », raconte François-Joseph Lapointe.
La troisième hypothèse serait qu’il s’agit de cougars domestiqués qui auraient été relâchés dans la nature.
RCI et Radio-Canada
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