Succès mitigé pour une campagne de séduction en France et en Belgique qui a pour but de recruter de la main-d’œuvre spécialisée pour les communautés francophones rurales du Manitoba au centre du Canada.
L’automne dernier, environ 11 travailleurs franco-européens et leurs familles ont été sélectionnés comme immigrants pour venir s’installer à Notre-Dame-de-Lourdes, un village francophone de 700 personnes situé à 130 kilomètres au sud-ouest de Winnipeg, la plus grande ville de cette province des Prairies canadiennes.
Leurs candidatures ont été retenues dans le cadre du programme Destination Canada, un salon de l’emploi annuel organisé par les ambassades du Canada à Paris et à Bruxelles. La cohorte représente des personnes qualifiées qui n’arrivent pas à trouver un emploi dans leur pays et qui souhaitent rester au Canada à long terme.
« La situation en France est un peu difficile en ce moment. Et j’avais surtout envie de voyager, de découvrir de nouveaux horizons », explique Benjamin Sultan, immigré et nouveau mécanicien au garage Boisvert à Notre-Dame de Lourdes.
La Chambre de commerce de l’endroit espérait que l’initiative ferait d’une pierre deux coups : soit combler une pénurie criante de main-d’œuvre dans les domaines de l’automobile, du transport et de la construction, ainsi que raviver le caractère francophone du village.
Cependant une dizaine de Français qui sont arrivés au début de l’été sont repartis quelques semaines plus tard.
D’après les résidents du village, les immigrants s’intéressaient peu à la vie rurale des prairies canadiennes et ils se plaignaient des conditions de travail.
Selon M. Sultan, l’adaptation peut parfois être problématique pour les Français. « [À Notre-Dame-de-Lourdes], c’est une dynamique assez différente de celle de la France et si on n’est pas prêt à faire de petits sacrifices au début, ça peut être un peu difficile », dit-il.
D’autres comme Joël Lemoine, du Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba (CDEM), soulèvent que les immigrants français sont plus exigeants en matière de conditions d’emploi.
« [Les Français] cherchent des emplois, mais ils ne sont pas toujours prêts à venir ici et travailler pour un salaire inférieur à ce qu’ils touchaient dans leur pays… »— Joël Lemoine, conseiller du CDEM
Dans son rapport annuel 2014-2015 déposé le 7 mai, le commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser, a fait de l’immigration francophone à l’extérieur du Québec une de ses priorités.
Selon le commissaire, il faudrait augmenter le pourcentage d’immigrants francophones en milieu minoritaire de 2 % à 4 % d’ici dix ans afin de maintenir le poids démographique des francophones à travers le pays.
(Selon un reportage de Bouchra Ouatik Radio-Canada Manitoba)
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