Une quarantaine de médecins, formés à l’étranger et embauchés comme assistants cliniques, déposeront une plainte relative aux droits de la personne contre l’agence provinciale de Services de santé qu’ils accusent de discrimination.
Le groupe, qui a déjà intenté une autre poursuite contre la même agence en septembre, a embauché la firme d’avocats Parlee McLaws pour s’occuper de cette nouvelle plainte qui devrait être déposée d’ici deux semaines.
Ces assistants cliniques allèguent qu’AHS (Alberta Health Services) leur a refusé les négociations et l’arbitrage auquel ils auraient droit même s’ils ne font partie pas d’un syndicat.
Récemment, ils ont reçu un avis les informant que leur contrat expirera en décembre prochain. Ils affirment que leur employeur leur offre de refaire une nouvelle demande d’emploi pour des postes à plus bas salaire et pour lesquels les heures supplémentaires ne seront pas rémunérées.
« Après toute cette histoire de traitement de patients et d’aide au système, nous sommes traités de cette manière très irrespectueuse », explique le docteur Adel Labib, médecin formé en chirurgie générale en Égypte.
En Alberta, les assistants cliniques ont une licence limitée qui les oblige à ne travailler que dans un hôpital et qui leur interdit de pratiquer de façon indépendante.
À l’Hôpital Royal Alexandra à Edmonton, Adel Labib fait la ronde des patients, donne des soins en neurochirurgie ainsi qu’en chirurgies thoracique, plastique et rachidienne. Et comme ses collègues assistants cliniques, il gagne seulement la moitié de ce que reçoivent ses confrères formés au Canada.
Plaidoyer en leur faveur
Le député de la circonscription d’Edmonton Whitemud, Bob Turner, lui-même médecin, juge inéquitable la nouvelle offre proposée aux assistants cliniques.
« Comme médecin qui connaît leur travail, je pense qu’il n’est pas juste de leur demander d’accepter un emploi qui paie moins que ce qu’ils gagnaient », M. Turner a fait part de cette inquiétude à la ministre de la Santé, Sarah Hoffman.
Il refuse cependant de caractériser le problème des assistants cliniques comme un cas de discrimination.
Un porte-parole de Services de santé Alberta a expliqué que l’agence provinciale ne pouvait accorder d’entrevue sur cette question car elle fait l’objet de la plainte déposée en septembre.
Dans un communiqué, AHS affirme qu’elle reconnaît la grande valeur des assistants cliniques et chirurgicaux, mais qu’elle a décidé de mettre fin aux contrats de 80 % d’entre eux pour des raisons budgétaires.
Incitation à quitter le Canada ?
Adel Labib et ses collègues disent qu’ils ont peu d’information sur les salaires qui pourraient leur être accordés selon une nouvelle entente et qu’un grand nombre d’entre eux envisagent de quitter le Canada au lieu de travailler pour moins.
« J’ai voulu venir au Canada à cause de l’égalité, à cause du respect. Pouvez-vous me dire que j’ai obtenu l’un ou l’autre ? » demande l’homme âgé de 57 ans.
Adel Labib ajoute que lui, sa femme, qui est aussi assistante clinique, et deux de leurs enfants, qui rêvent de devenir médecins, retourneront probablement en Égypte.
« Déception, frustration, perte d’espoir. J’ai perdu 10 ans de ma vie », conclut-il.
Promesse de la ministre
Le député Bob Turner dit que la ministre albertaine lui a promis de demander à Services de santé Alberta une révision des inquiétudes soulevées par les assistants cliniques de sa circonscription.
La ministre a, de son côté, publié une déclaration pour annoncer le début de cette révision. Sarah Hoffman affirme que le changement permettra de donner un même salaire et un même modèle de gestion aux assistants cliniques. Elle assure que 80 % d’entre eux verront leur salaire augmenter.
La ministre Hoffman encourage d’ailleurs les assistants concernés à continuer à faire leurs représentations auprès d’AHS et à l’aider à mieux comprendre leurs préoccupations.
RCI, Radio-Canada Alberta et CBC News
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