L’organisme canadien RinkWatch rapporte que la glace recouvre peut-être à l’extérieur en ce moment les patinoires à Calgary dans l’Ouest canadien, mais que presque partout ailleurs au pays les terrains de jeu hivernaux favoris des Canadiens sont à l’eau de même que tous les rêves de célébrer un Noël blanc.
El Nino est le grand coupable de ce qui est à présent dans l’est du pays le mois de décembre le plus chaud de toute l’histoire météorologique moderne canadienne.
Robert McLeman, professeur de géographie et d’études environnementales à l’Université Wilfrid-Laurier à Waterloo, dans la province de l’Ontario, est l’un des fondateurs de RinkWatch, un site web permettant aux gens d’afficher les images de leurs patinoires de quartier sur une carte, et d’inscrire leurs conditions durant tout l’hiver.
Dans une entrevue accordée à CBC, il affirme que les données recueillies cette année permettent vraiment « de suivre un certain nombre de choses différentes relatives aux conditions météorologiques hivernales et les tendances climatiques » et ce sur une bonne portion de l’Amérique du Nord.
Il affirme qu’en raison du courant marin d’El Nino qui historiquement atteint son apogée autour de la dernière semaine de décembre, les températures trop proches du point de congélation ont fait tomber a l’eau presque tous les rêves cette année dans le sud de l’Ontario et du Québec de patinoire en plein air ou, peut-être pire encore, de Noël blanc.
Mais le plus grave serait à venir : en combinant des données locales obtenues ces dernières années par RinkWatch notamment avec des simulations de température quotidiennes basées sur un modèle climatique global de réchauffement climatique, ce chercheur prévoit que le nombre de jours de patinage va diminuer de 34 % à Toronto et à Montréal d’ici 2090.
La réputation du Canada comme pays froid est en jeu
Jusqu’à présent, les mois de novembre et de décembre très doux de cette année dans de nombreuses parties du pays est dû en raison d’un super El Nino apportant de l’air chaud du Pacifique.
Cet événement naturel qui a lieu tous les 14 ou 15 quelques années ne suffit pas cependant à expliquer le grand pic de chaudes températures, selon le spécialiste du climat de l’Université de la Colombie-Britannique, Simon Donner.
« La raison pour laquelle nous battons des records de température c’est parce que vous avez l’événement El Nino en plus du fait que la planète se réchauffe lentement », explique Simon Donner. « El Nino par lui-même signifierait un hiver doux sur une bonne portion du Canada. El Nino additionné du réchauffement climatique signifie un hiver avec des chaleurs records »
Et cela est juste un avant-goût des choses à venir, affirme-t-il. « Nous sommes sur une trajectoire maintenant ou nous allons enregistrer 4 degrés Celsius ou plus de réchauffement en moyenne l’hiver. »
Environnement Canada, qui a examiné avec une grande précision les hivers au cours des 68 dernières années, a remarqué une progression similaire. En moyenne, l’agence gouvernementale canadienne a constaté que les hivers sont déjà 3 degrés Celsius plus chaud.
David Phillips, climatologue principal avec Environnement Canada, estime que le réchauffement climatique au pays « ne fait aucun doute. Dans le deuxième pays le plus froid au monde, le pays le plus enneigé dans le monde – nous perdons notre réputation en tant que peuple d’hiver ».
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