Des syndicats et des associations étudiantes demandent au gouvernement canadien d’amender un projet de loi qui permettrait à des entreprises au Canada de compétence fédérale comme Radio-Canada d’embaucher des stagiaires qui ne seraient pas payés pendant quatre mois.
Le projet de loi plongé dans la controverse est hérité du précédent gouvernement conservateur de Stephen Harper qui se proposait de réformer le Code du travail pour protéger davantage les stagiaires victimes d’abus en série, une affaire qui avait plongé dans l’embarras le gouvernement canadien au printemps 2014.
Or, la refonte du Code du travail que tente de reprendre à son compte le gouvernement libéral de Justin Trudeau prévoit des échappatoires qui permettraient, dans certains cas, l’embauche de stagiaires qui ne seraient pas rémunérés pendant les quatre premiers mois d’un stage à plein temps, ou pendant la première année d’un stage à temps partiel.
Syndicats et associations étudiantes demandent aux libéraux d’éliminer ces provisions
L’Association canadienne des stagiaires soutient que la proposition créera une échappatoire juridique qui favorisera la précarité chez les jeunes travailleurs.
L’association a publié sur son site une lettre ouverte cinglante à la ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et du Travail, MaryAnn Mihychuk. L’association y annonce qu’elle se retire des consultations sur les stages non rémunérés parce qu’elle ne veut pas discuter d’exploitation de jeunes travailleurs par le biais de stages non rémunérés, à moins que ces stages soient directement liés à la scolarité.
De plus, selon l’association, la plupart des entreprises sous compétence fédérale (communications, transports, banques) ont les moyens de payer leurs stagiaires.
« Des géants comme Bell Média, Via Rail, Air Canada, la Banque TD, Rogers ou Radio-Canada seraient pour ainsi dire encouragés à entretenir un cycle infini d’embauche de stagiaires non rémunérés plutôt que d’afficher des postes », écrit l’association.
Aide-mémoire…
Le scandale des 300 000 stagiaires gratuits au Canada qui valaient leur pesant d’or
– On estimait en 2014 que 300 000 personnes, la plupart de jeunes Canadiens ou Canadiennes, travaillaient gratuitement au sein de grandes entreprises pourtant prospères.
– Et, ce ne sont plus seulement des étudiants qui donnaient ainsi gratuitement de leur temps dans l’espoir de poser un pied sur le marché du travail, mais aussi des nouveaux arrivants au pays qui travaillaient gratuitement pour acquérir la fameuse « expérience canadienne ».
– En 2013 un hôtel de Vancouver avait déclenché une tempête après avoir publié une annonce recherchant des gens prêts à débarrasser gratuitement les tables.
Une forme d’exploitation de plus des travailleurs
Le nombre de ces stagiaires a bondi dans la foulée de la crise économique de 2008, affirme Sean Geobey, un chercheur associé au Centre canadien de politiques alternatives, et l’auteur d’un récent rapport intitulé « The Young and the Jobless ».
« Nous commençons à voir des Canadiens — des jeunes et leurs parents en particulier — remettre sérieusement en question ce qui se passe, ici, et pourquoi nous sommes apparemment revenus aux pratiques du 19e siècle en matière d’emploi. »
RCI avec La Presse canadienne
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