Les services de santé mentale du pays s’avouent de plus en plus débordés et parfois même dépassés par la croissance du nombre de cas d’adolescentes principalement et d’adolescents qui se retrouvent aux urgences des hôpitaux avec des blessures auto-infligées comme des coupures ou des perçages de la peau.
Des médecins affirment que les garçons et les filles qui se présentent aux urgences partagent souvent le même trait de personnalité soit une faible capacité d’adaptation au stress et au changement.
Si la vaste majorité des hospitalisations résultent d’intoxications par des médicaments d’ordonnance, les experts estiment que les cas de coupures sont fort probablement beaucoup plus répandus, car dans bien des cas les adolescents qui s’infligent ce genre de blessures n’aboutissent pas nécessairement à l’hôpital.
Plusieurs spécialistes soulignent que de nombreux jeunes patients qui ont besoin d’aide pour des blessures auto-infligées ne présentent pas cependant les caractéristiques conventionnelles d’un trouble psychiatrique.
Aide-mémoire…
– Plusieurs jeunes personnes utilisent la stratégie de l’automutilation pour surmonter une détresse émotionnelle.
– Les blessures auto-infligées sont donc un symptôme de problèmes plus profonds, comme l’anxiété ou la dépression.
– Le plus souvent, il s’agit de patients âgés de 12 à 17 ans qui s’infligent des coupures sur différentes parties de leur corps en utilisant toutes sortes d’objets aux extrémités pointues.
– Les blessures sont en général infligées sur les bras, les jambes et l’abdomen.
– Les adolescents peuvent aussi se brûler. Ou encore, s’infliger des contusions en se cognant les poings à répétition sur un mur.
De la crise existentielle à l’incapacité de faire face au stress de la vie
Les médecins n’ont souvent pas de réponses claires pour expliquer pourquoi ils voient de plus en plus d’enfants canadiens qui s’automutilent.
Dans une entrevue accordée en 2014 à La Presse canadienne, le docteur Hazen Gandy, chef de la division de psychiatrie communautaire à l’hôpital pour enfants Eastern Ontario à Ottawa, expliquait que beaucoup de jeunes victimes viennent de milieux relativement aisés et « ne vivent pas beaucoup d’événements négatifs dans leur vie. Lorsque quelque chose va mal dans leur vie, que ce soit une rupture amoureuse, un décès ou de mauvaises notes à l’école, plusieurs jeunes sont complètement dévastés.
« Ils passent en quelque sorte d’une situation où ils sont des enfants fonctionnels et plutôt normaux à une situation qu’ils ne peuvent subitement plus surmonter. Ils ne peuvent la gérer. Ils sont déprimés. Ils se présentent aux urgences désespérés », expliquait le docteur Gandy.
Les cas de mutilation des parties génitales, des seins et du visage, particulièrement chez les filles, relèveraient par ailleurs de problèmes psychologiques beaucoup plus graves, selon les médecins.
Mon histoire , la mutilation
Des statistiques affligeantes
Un rapport de l’Institut canadien d’information sur la santé révélait en 2014 une augmentation de 85 % du nombre d’enfants au Canada âgés de 10 à 17 ans qui ont été admis à l’hôpital après s’être infligé des blessures.
Selon ce rapport, les admissions à l’hôpital pour des coupures ont augmenté de 90 % chez les filles spécifiquement, entre 2009 et 2014. On observe une tendance similaire aux États-Unis ainsi que dans certains pays d’Europe.
Le Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO) a reçu par exemple en 2012-2013 des demandes d’aide de 2900 jeunes âgés de moins de 18 ans, une hausse de 64 % par rapport à 2009-2010. Il s’agissait du plus grand nombre de visites aux services d’urgence en santé mentale pour enfants de toute la province de l’Ontario.
Au Canada, selon une étude récente menée auprès de jeunes âgés de 14 à 21 ans, près de 2 jeunes sur 10 se sont volontairement infligé des blessures au cours de leur vie.
Point de services
L’aide à apporter à un enfant ou à un adolescent – CHEO
Ce que vous devez savoir en tant que parents – TravailSantéVie
La multiplication des cas d’automutilations affecte le système de santé à travers le pays
Alors que les services des spécialistes sont de plus en plus sollicités, un grand nombre de professionnels de la santé mentale semblent eux-mêmes au bord de l’épuisement et les soins aux patients externes sont parfois maintenant retardés de huit à dix mois.
Le docteur Laurence Katz, professeur de psychiatrie à l’université du Manitoba, qui reçoit des patients à l’hôpital pour enfants de Winnipeg, souligne que même si la demande de soins en santé mentale pour adolescents a augmenté au pays, les ressources n’ont pas suivI : « Il y a clairement une demande accrue et cela crée une crise dans le système », affirme-t-il.
Une entrevue de Sandra Gagnon de Radio-Canada en Alberta
ÉcoutezMon Combat Au Quotidien et l’automutilation.
RCI avec La Presse Canadienne et des informations de Stéphane Bordeleau de Radio-Canada.
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Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario – CHEO
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