Le véritable et authentique accent québécois que certains étrangers qualifient de « paysan » est souvent source de raillerie et même de discrimination dans certains milieux à l’étranger, comme vous allez le découvrir dans notre reportage.
À certaines personnes, l’accent québécois pourrait sembler un peu vulgaire et inférieur au grand accent de ces messieurs les académiciens en France. Et pourtant, cet accent québécois d’aujourd’hui est l’ancien accent des Français, essentiellement celui des premiers colons français qui arrivaient en majorité du nord-ouest de la France.
Ces Français, il y a 250 ans, avaient le même accent que celui des Québécois. Le même. Ce qui a changé, c’est l’accent de ces Français et, éventuellement, celui de la classe dirigeante québécoise, qui s’est mise elle aussi à étirer ses consonnes et à parler en « cul de poule » comme on dit parfois de façon injurieuse ou péjorative au Québec.
En France, lorsque la révolution de 1789 a eu lieu, elle s’est accompagnée d’une « révolution phonétique ». Si avant la révolution, l’élite disait « sus la table », « note maison », « Sarge » et « fret » comme le font les Québécois aujourd’hui, après la révolution, l’élite en France se met à dire « sur la table », « notre maison », « Serge » et « froid ».
Le Québec a échappé quelque temps à cette évolution et a conservé son accent traditionnel. Mais, les remarques des voyageurs français de l’époque et les contacts de l’élite canadienne avec Paris font toutefois prendre conscience à cette élite que son accent n’a plus la cote dans les « beaux milieux » et la classe dirigeante canadienne-française se met donc elle-même à parler « mieux ».
ÉcoutezQuand notre accent aujourd’hui tourne à l’humour ou à la raillerie
Sur les ondes de la télévision française il y a trois ans, un réalisateur français, Jean-Pierre Mocky, a interrompu l’entrevue du conteur québécois Fred Pellerin pour lui dire qu’il n’arrivait pas à comprendre ses propos en raison de son accent québécois, lançant sur un ton mi-figue mi-raisin qu’il avait besoin d’une traduction.
Plus récemment, l’humoriste française Sophia Aram a causé quelques remous au Québec avec son imitation sur les ondes de France Inter de l’accent d’une soi-disant professeure de l’Université de Montréal. On lui a reproché les clichés et les stéréotypes plus ou moins flatteurs de son imitation.
Le Billet de Sophia Aram : « Âge tendre et… par franceinter
Une publicité farcie d’accents de travers
Une entreprise de téléphone mobile, Orange, a aussi froissé pour ne pas dire fripé les sensibilités de beaucoup de Québécois récemment lorsqu’elle s’est mise à diffuser une bande-annonce prétendant mettre en scène deux Québécois, mais qui s’exprimaient avec un accent qui sonnait faux dans cette publicité pleine de clichés culturels peu flatteurs : Une publicité imitant l’accent québécois sème la controverse – Radio-Canada
Avec la contribution des Presses de l’Université Laval, Paloma Martínez de RCI et Franco Nuovo, Anne-Marie Dussault et Arnaud Decroix de Radio-Canada
Sur le même thème
La route des accents… toute la saveur du français gaspésien – Radio-Canada
Histoire de notre accent – Le Devoir
Histoire et origine de l’accent québécois – JeParlequébécois.com
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.