Dans quatre jours, si rien n’est fait d’ici là, Gilda Lakatos, 17 ans, et sa mère Katalin seront expulsées vers la Hongrie, pays qu’elles ont quitté en 2011.
À cette époque, elles avaient débarqué au Canada avec le père et le fils de la famille et avaient demandé le statut de réfugié pour fuir le racisme, la violence, la ségrégation et la ghettoïsation auxquels les Roms sont confrontés dans ce pays d’Europe de l’est. Ce racisme anti-rom aurait d’ailleurs poussé le fils aîné au suicide en 2004.
« En tant que Rom, nous avons toujours vécu dans la peur, mais ces dernières années, la situation s’est empirée. À la télévision, les politiciens disaient que «les Roms sont des parasites qu’il faut éliminer». Dans les villages Roms, il y avait des groupes de skinheads habillés en soldat avec des drapeaux nazis qui marchaient autour des villages. Ils étaient devant les maisons roms et ils chantaient : »Vous allez mourir ici ! » » Gilda Lakatos
En avril 2015, la demande d’asile au Canada de la famille Lakatos est refusée.
En septembre de la même année, la famille dépose une demande de résidence permanente sur des bases humanitaires. En octobre, les Lakatos reçoivent plutôt un avis de déportation.
En mars 2016, le père et le fils sont arrêtés lors d’un contrôle routier. Tous deux sans-papiers, ils sont arrêtés et déportés vers la Hongrie.
« Maintenant, ils vivent dans une grande précarité en Hongrie. Je suis inquiète pour mon père. Il m’a dit qu’il ne dort plus, il ne mange plus. Ici, ma mère et moi vivons dans la peur constante de ce qui pourrait leur arriver » mentionne Gilda Lakatos.
Gilda et sa mère Katalin reçoivent ensuite un avis de déportation fixé au 12 mai 2016.
Mais, grâce à la pression publique, le gouvernement accepte de reporter leur renvoi et leur donne un sursis de deux mois. Celui-ci arrive à expiration le 16 juillet.
Les deux femmes n’ont toujours pas eu de nouvelles de leur demande de statut permanent et craignent le pire.
Selon le Centre communautaire rom de Toronto, il y aurait un peu moins de 100 000 Roms au Canada.
Selon une récente recherche, les Roms déportés du Canada vivraient une double exclusion une fois de retour en Hongrie : « Ils sont non seulement discriminés en tant que Rom, mais aussi pour avoir mis en lumière le racisme qui existe en Hongrie en immigrant au Canada », précise Dafina Savic, de Romanipe, un groupe de défense des droits des Roms à Montréal.
Un autre organisme qui soutient les Lakatos, Solidarité sans frontières, déplore que les Roms soient une catégorie de réfugiés particulièrement discriminée et demande au ministre de l’Immigration du gouvernement Trudeau d’accepter la demande humanitaire de la famille avant l’expiration de son visa temporaire.
Quant aux deux femmes, elles espèrent non seulement rester au Canada, mais y faire revenir le fils et le père.
En 2015, une étude portant sur la discrimination systémique envers les réfugiés roms venus de Hongrie avait révélé des «stéréotypes racistes» ayant influencé le traitement de leurs dossiers pendant les années de pouvoir du gouvernement conservateur de Stephen Harper.
Entre 2008 et 2012, à peine 8,6 % des 11 000 demandes d’asile faites par des Roms avaient été acceptées. Plus de la moitié avaient été abandonnées.
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