Des gardiens devant le Centre de surveillance de l’immigration de Laval lundi 15 août. © PC/Graham Hughes

Des gardiens devant le Centre de surveillance de l’immigration de Laval lundi 15 août. © PC/Graham Hughes

Améliorer ou diminuer les détentions des immigrants au Canada?

Ottawa annonce l’octroi d’une somme de 138 millions de dollars pour changer les façons de faire en matière de détention dans le domaine de l’immigration.

 Minister of Public Safety and Emergency Preparedness Ralph Goodale makes a funding announcement during a visit to an immigrant holding centre in Laval, Que., Monday, August 15, 2016.
Ralph Goodale en conférence de presse lundi. © PC/Graham Hughes

L’idée derrière cet investissement et cette réforme est de ne détenir les personnes qu’en dernier recours, a précisé le ministre de la Sécurité publique Ralph Goodale, au cours d’une conférence de presse, au Centre de surveillance de l’immigration, à Laval, au nord de Montréal.

Les personnes qui font l’objet d’une détention, au nombre d’environ 500 annuellement, sont des personnes dont le statut au Canada est théoriquement illégal, soit pour des raisons d’identification, de sécurité publique ou de sécurité d’un autre ordre.

La somme de 138 millions doit servir à construire de nouvelles installations pour abriter ces personnes dans de meilleures conditions, dont une somme de 5 millions $ qui sera consacrée aux solutions de rechange à la détention des personnes.

L’idée est d’offrir des soins supplémentaires de santé physique et mentale et d’examiner l’option de la supervision communautaire pour les cas plus légers.

Le saviez-vous?
Au pays, trois centres servent de telles fins, soit ceux des régions de Montréal, de Toronto et de Vancouver — ce dernier pour de courtes durées.
Lorsque ces centres ne suffisent pas, des ententes peuvent être conclues afin de garder les personnes visées dans des prisons provinciales, le temps que leur dossier soit traité.
L’écrasante majorité des détenus immigrants n’ont cependant commis aucun crime.
Bon an mal an, il y a en moyenne 450 à 500 personnes qui sont ainsi détenues en vertu de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés.
L’Agence des services frontaliers précise que ces 500 personnes ne représentent que 0,02 % des voyageurs au Canada chaque année.

Affiche d’un groupe de pression demandant l’arrêt des détentions des immigrants.End Immigration Detention Network
Affiche d’un groupe de pression demandant l’arrêt des détentions des immigrants.End Immigration Detention Network

Une intervention mieux concertée

L’Agence des services frontaliers du Canada conclura bientôt des ententes avec d’autres autorités, ou les poursuivra, selon le cas, notamment avec la Croix-Rouge canadienne, le Conseil canadien pour les réfugiés, la Commission des droits de la personne des Nations unies, des groupes d’intervention en santé mentale. De même, les ententes déjà conclues avec les provinces seront renforcées.

L’Agence des services frontaliers précise que « seuls les détenus présentant un risque fort élevé demeureront dans des établissements provinciaux ». Et, « dans la mesure du possible », on dit veiller à ce que les détenus de l’immigration dans les prisons provinciales n’aient pas à côtoyer les personnes qui sont détenues pour des motifs criminels.

Des voix s’élèvent au Canada depuis 3 à 4 ans pour réclamer la fin des détentions. solidarityacrossborders.org

Des voix s’élèvent au Canada depuis 3 à 4 ans pour réclamer la fin des détentions.
solidarityacrossborders.org

Témoignage d’un immigrant-détenu

En mai dernier, Carmelo Monge s’est présenté aux bureaux de Citoyenneté et Immigration pensant qu’il allait en revenir avec un permis de travail renouvelé en poche. Il a plutôt été arrêté.

Dans une entrevue accordée au quotidien Le Devoir et publiée ce matin, il explique : « Ils m’ont mis les menottes et alors je me suis senti comme si j’avais fait quelque chose de très grave », relate-t-il, encore sous le choc.

« Je ne suis pas un criminel, je suis ici pour travailler, pour aider ma famille restée au Mexique », dit l’homme de 45 ans. Il est au Canada depuis huit ans, en attente d’une demande de résidence permanente fondée sur des considérations humanitaires, après avoir vu sa demande d’asile déboutée.

À son arrivée au centre de détention de Laval, des bâtiments entourés de barbelés, c’est la surveillance constante qui l’a marqué. « J’ai vu une femme du Pakistan avec son enfant à l’entrée, avec des gardes autour d’eux », rapporte M. Monge.

Carmelo Monge a pu heureusement offrir 20 000 $ en garantie afin de sortir du centre de détention de Laval, un geste qui n’est généralement pas à la portée des immigrants détenus.

Découvrez :
Le Canada entend-il rester longtemps encore une terre d’immigration?
En 2010, dans un sondage de la firme Angus Reid un Canadien sur deux disait estimer que l’immigration était néfaste pour le pays, et plus d’un sur trois disait souhaiter que le nombre de nouveaux arrivants accueillis par Ottawa soit revu à la baisse.
Lisez la suite…

(Graham Hughes/Canadian Press)
(Graham Hughes/Canadian Press)

 

RCI avec les informations de La Presse canadienne et du quotidien Le Devoir

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Catégories : Immigration et Réfugiés, International
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