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L’absence de bilinguisme chez les jeunes anglophones du pays menace la paix linguistique

Brandissant les plus récents chiffres disponibles, le président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain soutient que la relative paix linguistique qui existe au Canada entre les francophones et les anglophones pourrait être victime du manque de bilinguisme chez les jeunes anglophones.

Michel Leblanc a fait cette mise en garde à l’occasion des consultations sur la prochaine stratégie du gouvernement canadien sur les langues officielles, qui se tenaient mardi à Montréal et où était présente la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly.

Selon lui, les jeunes francophones au Canada sont de plus en plus nombreux à parler le français et l’anglais. En 1971, déjà 39 % des jeunes francophones de 15 à 24 ans étaient bilingues, et ils étaient plus de 55 % en 2011.

Par contre, chez les jeunes anglophones, moins de 10 % étaient bilingues en 1971. Quarante ans plus tard, à peine un peu plus de 13 % d’entre eux parlaient les deux langues.

M. Leblanc conclut que s’il devait évaluer la performance du gouvernement canadien, ce serait un constat d’échec. Et si le Canada poursuit à ce rythme, explique-t-il, la paix linguistique durement acquise par le passé sera sans doute en péril alors que l’anglais prendra le dessus sur le français.

Le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc
Le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc © Radio-Canada
La ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly. (17-12-15)
La ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly était à Montréal hier. © Radio-Canada

Réactions de la ministre du Patrimoine canadien

La ministre Joly affirme qu’il y a « toujours de la place » à l’amélioration en matière de bilinguisme chez les jeunes. « Notre objectif, c’est d’avoir plus que jamais des échanges étudiants. Il y a plusieurs projets en lien avec ça », a-t-elle dit lors des consultations.

Mme Joly a aussi indiqué un peu plus tard en journée que son gouvernement était prêt à collaborer avec les provinces et territoires pour s’assurer d’offrir assez de programmes d’immersion en français.

« Il y a une demande qui se fait partout à travers le pays, mais des fois les ressources sont plus limitées », a-t-elle reconnu.

Le saviez-vous?
Deux langues officielles valent mieux qu’une dans le milieu des affaires
Le Conference Board du Canada, organisme indépendant d’analyse économique, révélait dans une étude relativement récente que le bilinguisme aurait des effets bénéfiques sur l’économie du pays, car il favorise de façon significative les échanges commerciaux avec les autres pays francophones dans le monde.
À titre d’exemple, le Conference Board souligne que le Québec et le Nouveau-Brunswick exportent dans les pays francophones l’équivalent de 3 milliards de dollars de produits chaque année et que, de ce nombre, 2 milliards seraient directement reliés à la connaissance de la langue française.

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Une étude du Conference Board du Canada intituée «Le Canada, le bilinguisme et le commerce», a été réalisée pour le Réseau de développement économique et d’employabilité Canada (RDÉE Canada) et la Corporation d’employabilité et de développement économique communautaire (CEDEC). © Conseil de la Coopération de la Saskatchewan

Le bilinguisme stagne au Canada depuis 10 ans

Pour la première fois en cinq décennies, on observe dans des données publiées en 2011 que le pourcentage de Canadiens, tous âges confondus, pouvant soutenir une conversation dans les deux langues officielles a légèrement décliné passant, de 17,7 % en 2001 à 17,5 % en 2011.

L’explication mathématique se trouve derrière l’augmentation de la population totale, qui a été plus rapide (12 %) que la population bilingue (6 %) au Canada, une première en 50 ans.

Le nombre de Canadiens bilingues est ainsi passé de 5,2 millions à 5,8 millions, alors que la population totale a augmenté de près de 4,5 millions en 10 ans.

Le Québec a toutefois vu le nombre de ses résidents pouvant tenir une conversation en anglais ou en français croître depuis 2001, passant de 40,8 % à 42,6 %.

En termes absolus, ces chiffres signifient que 400 000 Québécois de plus étaient bilingues en 2011. En 2001, 2,9 millions disaient parler anglais et français, comparativement à 3,3 millions de personnes en 2011.

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Les enfants bilingues ont non seulement une plus grande flexibilité cognitive que les enfants unilingues, mais ils sont notamment meilleurs que leurs camarades unilingues à un certain type de contrôle ou de discipline mentale.Andrew Rich via Getty Images
Les enfants bilingues ont non seulement une plus grande flexibilité cognitive que les enfants unilingues, mais ils sont notamment meilleurs que leurs camarades unilingues à un certain type de contrôle ou de discipline mentale.Andrew Rich via Getty Images

RCI avec La Presse canadienne

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Catégories : Économie, Politique, Société
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