Tout le Canada en parle : un chroniqueur de l’important quotidien La Presse a été placé sous surveillance par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), avec la permission d’une juge de paix.
Selon La Presse, ce n’est pas un seul mandat de surveillance, mais une succession étonnante de 24 mandats de surveillance qui auraient été accordés par la justice pour espionner à son insu le journaliste Patrick Lagacé.
On a espionné non seulement les conversations téléphoniques du journaliste, mais aussi ses déplacements grâce aux informations de géolocalisation qui étaient transmises par son téléphone.
Les policiers visaient l’un des leurs et non la liberté de presse
La surveillance de Patrick Lagacé était « une exception », a expliqué lundi après-midi le directeur du SPVM, Philippe Pichet, affirmant que l’enquête visait d’abord et avant tout un policier de son service.
Ce policier était soupçonné de divulguer de l’information aux médias.
L’agent en question, qui était soupçonné aussi par son employeur de fabriquer des preuves, était Fayçal Djelidi, un enquêteur spécialisé dans les gangs de rue.
Selon ce qu’a appris le journal, le SPVM constatait fin 2015 que des informations auxquelles M. Djelidi avait accès dans le cadre de ses enquêtes étaient publiées dans les médias. Le corps de police voulait donc savoir à qui parlait Fayçal Djelidi.
Il a été formellement accusé à l’été 2016 de « parjure et de tentative d’entrave à la justice » et d’« abus de confiance et de sollicitation et d’obtention de services sexuels moyennant rétributions ».
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Les patrons de tous les grands médias québécois sont révoltés
Les grandes salles de rédaction du Québec sont fortement ébranlées par toute cette affaire et leurs dirigeants viennent de se rallier pour exprimer unanimement leur colère dans une lettre ouverte conjointe, publiée mardi matin sur toutes les grandes tribunes médiatiques.
Ils précisent dans cette lettre : « Il est inacceptable que des enquêteurs aient pu obtenir accès aux données téléphoniques et à la géolocalisation d’un journaliste sans autre motif que d’identifier des sources journalistiques à l’intérieur du corps de police. La procédure pour obtenir un mandat de surveillance contre un journaliste doit être plus contraignante pour les corps policiers. Le directeur du Service de police de la Ville de Montréal, Philippe Pichet, doit répondre à la question que tous les professionnels des médias se posent aujourd’hui : quels journalistes ont été espionnés, lesquels le sont encore? »
Le journaliste ciblé par l’espionnage des policiers est inquiet
« C’est du jamais vu que la police obtienne un mandat pour des métadonnées semblables », affirme le chroniqueur. Le SPVM aurait eu accès à de l’information sur ses appels et ses messages textes pendant plus de six mois, soit du 13 janvier au 7 juillet 2016. « Je trouve ça inquiétant. Moi, je ne fais même pas d’enquête […] S’ils ont fait ça à moi, qu’est-ce qu’ils peuvent faire à (d’autres)?
RCI avec les informations de Radio-Canada et la contribution d’Annie Desrochers, Claude Bernatchez et Alain Gravel de Radio-Canada
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