Une loi adoptée en France l’an dernier interdisant les fontaines de boissons sucrées en libre-service entre en vigueur aujourd’hui. Cette loi adoptée dans le cadre de la Loi de la modernisation du système de santé est perçue comme étant une « excellente initiative qui envoie un message clair sur la surconsommation de boissons sucrées » par la Coalition québécoise sur la problématique du poids.
Imiter la France
La directrice de la Coalition québécoise sur la problématique du poids, Corrine Voyer, attire l’attention du public sur le fait que l’offre à volonté de boissons sucrées dans les restaurants banalise le fait de boire de grands volumes de sucre. Pourtant d’un point de vue de la santé, les risques sont importants et très souvent tragiques.
Les coûts sociaux et humains de cette consommation à volonté atteignent des niveaux alarmants avec de graves problèmes comme le cancer, le diabète, l’obésité, la carie dentaire, entre autres maladies.
Quelques données sur le problème laissent percevoir une situation suffisamment préoccupante pour entraîner une réaction, suivant le modèle français, affirme Mme Voyer.
Au Québec, un adolescent sur quatre et un adulte sur cinq en boivent tous les jours. Le marketing de l’industrie, y compris l’offre de boissons à volonté, contribue au problème. Selon un sondage Ipsos mené en février 2014, près d’un adulte sur trois rapporte se resservir, au moins une fois, quand les restaurants offrent les boissons sucrées à volonté. Prendre un deuxième verre de sucre, même sur une base occasionnelle, constitue une consommation excessive. On parle d’au moins 14 cuillères à thé de sucre dans un verre moyen. C’est énorme !
Données sur le monde et sur le Canada
À l’échelle mondiale, la proportion de maladies chroniques reliées aux boissons sucrées est plus importante chez les jeunes que chez les vieux.
Les boissons sucrées sont à l’origine d’environ 184 000 décès chaque année à travers le monde, dont 133 000 attribuables au diabète, 45 000 aux maladies cardiovasculaires et 6450 au cancer.
Le Canada se trouve au 10e rang sur 80 pays quant à sa consommation de boissons sucrées en 2015, selon une étude menée par la Chaire internationale sur le risque cardiométabolique de l’Université Laval.
Au Canada, l’obésité touche une personne sur trois et coûte à elle seule 7 milliards de dollars par année en soins de santé.
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- La Coalition Poids propose une taxe d’un sou par litre de boisson sucrée. © AFP/François Guillot
Taxer les boissons sucrées pour investir dans la prévention
Corrine Voyer estime que la France « fait preuve d’innovation et prend le taureau par les cornes pour réduire la problématique de l’obésité ». Comme dans ce pays, au Canada et au Québec, il faut « agir avant que la situation ne soit irréversible ».
Comme l’avait déjà proposé l’OMS ou l’Institut national de santé publique du Québec, Mme Voyer recommande l’instauration d’une taxe sur les boissons sucrées comme dans l’Hexagone, où cette taxe est en vigueur depuis cinq ans.
Elle suggère que les revenus de cette taxation soient réinvestis dans la prévention de la consommation excessive de boissons sucrées pour notamment financer les fontaines d’eau ou les cafétérias, ou pour contribuer à réduire les prix des légumes et des fruits. C’est un modèle efficace qui a eu des effets positifs dans certains pays comme le Mexique, a relevé Mme Voyer.
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