« Il me plaît de savoir quel est le visage de ces contrées », confie François Ier à Jacques Cartier. Le Malouin ne se fait pas prier. Il brûle de mettre à la voile vers des rivages dont il devine le dessin. Cartier, c’est la beauté du geste, le défi, le risque encouru pour une besogne que l’on peut déjà dire scientifique. « Nous nommerons cet endroit baie des Chaleurs. » Juin de l’an 1534 brûle les peaux, attise la soif des marins. Nous sommes au nord de la future Acadie, au sud de ce qui sera, un jour, le Québec. Personne n’a la moindre idée de ce qu’il adviendra de ces pays des rivages desquels on établit un plan déjà fort détaillé. Mais on y est, quarante ans à peine après que Colomb a posé le pied aux Bahamas. Et, chose remarquable, des vents carrément complices ont poussé la caravelle du Malouin pendant trois seules et petites semaines. Un record, sans doute, pour l’époque. « La route de la Chine par l’ouest. Elle passe forcément par là. » L’utopie est une maîtresse à la fois bouillante, insolente et perverse. La raison en tumulte des hommes se heurte à la froide réalité de la géographie. Un continent aux allures de monstre étale ses falaises, ses forêts, ses déserts de sable et ses embouchures de rivière devant des coquilles de noix dont on ne sait même pas si elles reviendront saines et sauves à Saint-Malo, à Cadix ou à Southampton.
Extrait – L’épopée américaine de la France – Histoires de la Nouvelle-France, d’Alain Dubos. Bertrand-Lacoste, Éditeur.
L’Amérique du Nord a été française, en grande partie, au XVIIe et XVIIIe siècle. Par la suite, l’Angleterre en a fait une terre sienne.
Alain Dubos est un passionné d’histoire. « Cette histoire nord-américaine qui est aussi la nôtre ici en France. Cette histoire que nous partageons. »
Médecin pédiatre, ancien vice-président de Médecins sans Frontières, Alain Dubos a parcouru la planète de mission humanitaire en mission humanitaire pendant une bonne quarantaine d’années. Sa première relation avec la parole écrite s’intitule c’était en Thaïlande, dans un camp où des réfugiés fuyant les exactions de Pol Pot au Cambodge se trouvaient. C’est là qu’il a écrit la rizière des barbares.
Il n’a que rarement déposé la plume depuis.
Vient de paraître chez Bertrand-Lacoste, éditeur, L’épopée américaine de la France – Histoires de la Nouvelle-France, sous la plume d’Alain Dubos, où il s’intéresse particulièrement aux deux siècles dits «de gloire » de la France en Amérique, de la Baie-des-Chaleurs et de Jacques Cartier à la vente de la Louisiane aux États-Unis par Bonaparte
« Bonaparte a vendu aux Américains la Louisiane pour cinq centimes l’hectare. Et la Louisiane, c’était à peu près l’équivalent de quinze états actuels des États-Unis. La Louisiane d’alors, c’était de la Louisiane d’aujourd’hui jusqu’au Dakota du Nord en passant par l’Arkansas, le Kansas, le Minnesota, etc. Ça fait vraiment partie de notre histoire de France et de notre histoire commune à vous et à nous. »
Alain Dubos
Des coureurs des bois aux trappeurs, des missionnaires aux femmes, des grands espaces aux quêtes de liberté, ce sont des années fascinantes à revoir … jusqu’à ces tristes arpents de neige de Voltaire.
Alain Dubos (Babelio)
« C’est quand même extraordinaire que, de tout ça, il ne reste que les petites îles de Saint-Pierre et Miquelon alors que les deux plus grands fleuves de France n’étaient pas la Loire et le Rhône, mais bien le Mississippi et le Saint-Laurent pendant pratiquement deux siècles. »
Alain Dubos est l’invité au micro de Raymond Desmarteau.
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