Si la liberté de la presse au Canada a connu un léger déclin au cours des deux dernières années, la situation est de loin meilleure par rapport à des pays comme la Chine, la Russie, l’Inde et bien d’autres pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Amérique latine. Globalement, dans le monde d’aujourd’hui, la liberté de la presse semble ébranlée et Reporters sans frontières tire la sonnette d’alarme après avoir passé au peigne fin le diagnostic dans 180 pays.
Comprendre le recul du Canada
Le Canada figure au 22e rang sur les 180 pays évalués par Reporters sans frontières en 2016. Ce classement montre une perte de 4 places par rapport à 2015.
Ce recul est attribué à plusieurs facteurs, notamment le projet de loi C-51 qui instaure une surveillance de masse, au nom de la lutte contre le terrorisme, ce qui n’est pas de nature à protéger les professionnels de la communication.
Des journalistes affectés à la couverture de sujets d’enquêtes jugés sensibles, principalement au Québec, ont été pendant des mois espionnés par la police.
Même les lanceurs d’alerte, qui sont censés aider à la collecte des informations et faciliter le travail de communication, n’échappent pas à cette surveillance.
D’autres pays démocratiques font également piètre figure
Le Canada n’est pas la seule nation démocratique qui connaît un déclin de la liberté d’expression. La situation n’est guère reluisante dans d’autres pays. Les États-Unis occupent le 43e rang, soit une perte de 2 places. Le Royaume-Uni se trouve au 40e rang, avec également une baisse de 2 places. Quant à la France, elle s’est classée au 39e rang.
« L’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis et la campagne du Brexit au Royaume-Uni ont offert une caisse de résonance au média bashing et aux fausses nouvelles », déplore RSF.
À côté de ces pays considérés traditionnellement comme vertueux, figurent d’autres nations, à l’instar du Chili qui a perdu 2 places, glissant au 33e rang, ou la Nouvelle-Zélande classée 13e, après avoir perdu 8 places.
Liberté de la presse bafouée dans au moins 72 pays
Le rapport de Reporters sans frontières constate que « partout où le modèle de l’homme fort autoritaire triomphe, la liberté de la presse recule ».
Il en est ainsi des États-Unis de Donald Trump, de la Turquie (155e, 4 places de perdues ), où les attaques contre les médias, les fausses informations et autres refus de collaborer avec la presse ont fortement obstrué le travail des journalistes.
Cette situation a fait dire au secrétaire général de Reporters Frontières, Christophe Delore, que « le basculement des démocraties donne le vertige, le président Recep Tayyip Erdogan ayant résolument basculé du côté des régimes autoritaires […] avec la plus grande prison au monde pour les professionnels des médias ».
La situation de la Turquie semble en phase avec celle de la Russie de Vladimir Poutine (148e rang) ou de la Corée du Nord de Kim Jong-un, des pays où la liberté la presse est clouée au sol.
Malgré le fait que l’ONG internationale s’inquiète d’un « risque de grand basculement de la liberté de la presse dans les pays démocratiques importants », l’espoir devrait être de mise en raison de l’état plutôt rassurant de cette liberté dans une cinquantaine de pays d’Amérique du Nord, d’Europe et du Sud de l’Afrique, notamment dans des pays comme la Norvège, la Suède, la Finlande et le Danemark qui sont dans le peloton de tête des pays où cette liberté se porte bien.
RCI avec Radio-Canada et l’Agence France-Presse
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