Pour remettre la consultation publique sur le racisme « dans la bonne direction », le premier ministre québécois Philippe Couillard promet un changement de cap, mais sans indiquer la direction qu’il veut prendre.
La formule choisie pour analyser le phénomène du racisme systémique au Québec, taxée d’opportunisme politique, ne cesse de s’embourber depuis l’annonce de son lancement en juillet dernier.
Du manque d’impartialité de la Commission des droits de la personne du Québec mandatée de l’enquête à une forme injuste de procès des Québécois, ce projet de consultation controversé a aussi ses détracteurs au sein même du caucus libéral.
Philippe Couillard admet, comme l’ont évoqué deux de ses députés mardi, au lendemain d’une défaite cuisante dans une élection partielle, que la consultation sur le racisme systémique semble mal comprise dans la population et qu’elle a pu jouer un rôle dans la défaite.
ÉcoutezLes accusations fusent de toutes parts et de tous les partis
Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, livre une charge à fond de train contre le gouvernement de Philippe Couillard, lui reprochant de mettre les Québécois au banc des accusés dans un procès sur le racisme.
M. Lisée qualifie l’exercice de procès en racisme qui est « organisé par l’État québécois contre les Québécois ».
Selon le chef péquiste, le gouvernement libéral a réuni tous les ingrédients d’une « recette pour augmenter le racisme » en se penchant uniquement sur le racisme et la discrimination, tout en refusant de s’intéresser aux désirs des Québécois d’imposer des balises sur les accommodements religieux et les signes religieux en public. Le chef péquiste soutient qu’on ne peut « faire reculer le racisme au Québec » sans agir sur ces deux axes en parallèle.
Jean-François Lisée est convaincu que cette consultation sur le racisme systémique ne peut qu’« attiser le ressentiment de la majorité et soulever la colère de la minorité, parce qu’il y en a du racisme au Québec ».
Aide-mémoire…
– Le racisme systémique, ou racisme institutionnel est une forme de discrimination qui s’exprime par le traitement inégalitaire d’individus racisés par une société et ses institutions.
Une consultation qui doit être annulée coûte que coûte
La Coalition avenir Québec (CAQ), parti en tête dans les sondages, exige pour sa part l’annulation complète des travaux de la Commission des droits de la personne.
Au mois de septembre, la porte-parole de ce parti en matière d’immigration, Nathalie Roy, a fait valoir que le gouvernement rate sa cible lorsqu’il parle de racisme « systémique ».
Elle ne croit pas que ce genre de racisme existe au Québec. Point.
Bon à savoir…
– Malgré leur niveau d’étude, les immigrants au Québec gagnent moins bien leur vie que les natifs et connaissent davantage le chômage.
– De 2006 à 2015, le taux de chômage s’est élevé à 5,8 % en moyenne pour la population née au Canada, contre 11,2 % pour les immigrants reçus.
– Le revenu des immigrants reçus représentait en moyenne 82,9 % de celui des personnes non immigrantes durant la période 1996-2013.
– Toutefois, des données publiées il y a quelques jours montrent que le salaire d’une personne immigrante a tendance à augmenter avec les années pour se rapprocher de celui des natifs.
RCI avec La Presse canadienne et la contribution d’Anne-Marie Lecomte, Michel C.Auger, Manon Globensky et Marie-France Bazzo de Radio-Canada
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