Pas moins de 12 000 employés de Sears perdent leur travail dans un horizon de 10 à 14 semaines.
Pour des milliers d’entre eux disparaît du coup une part importante de leur fond de retraite.
On ne leur promet au maximum pour le moment que 81 % de la somme qui leur est due. Cela pourrait être beaucoup moins après que les créanciers auront été dédommagés en premier.
Ces travailleurs font face à des mois et peut-être des années d’incertitude. Ils deviennent les nouvelles victimes d’une vieille loi sur la faillite qui protègent les créanciers, dont les banques, avant eux.
Le NPD exige un changement à la loi sur les faillites d’entreprise
Brigitte Sansoucy, députée du NPD au parlement canadien et critique en matière d’emploi, souhaite que le gouvernement Trudeau modifie les lois canadiennes qui touchent la faillite, puisqu’à l’heure actuelle, aucune loi n’oblige les compagnies à payer leurs employés avant les créanciers.
« Quand les travailleurs mettent de l’argent dans leur fonds de pension, c’est un salaire différé. Ça devrait être illégal de piger dans cet argent-là », estime Brigitte Sansoucy.
« Il faut que nous examinions l’horrible cas de Sears Canada afin de voir comment cela a pu se produire et de nous assurer qu’aucun autre travailleur au pays ne soit traité de cette façon », a dit Scott Duvall, porte-parole du NPD en matière de pensions.
ÉcoutezUne faillite sous le signe de la honte?
Déjà cet été, l’annonce par Sears de l’annulation d’indemnités de départ pour les employés perdant leur emploi soulevait la colère des consommateurs canadiens particulièrement sur la page Facebook de la compagnie.
« Jolie jupe! », écrivait par exemple l’internaute Kate Keough. « Dommage que vos employés n’aient pas les moyens de l’acheter puisque vous les avez congédiés et leur avez enlevé leurs indemnités. Je ne retournerai pas chez Sears. Vous me faites honte. »
Selon Bruce Winder, analyste à Toronto dans le secteur du commerce de détail, lorsque les consommateurs sentent qu’une compagnie ne traite pas adéquatement des personnes vulnérables, ils ripostent.
Des millions de dollars en compensation, mais pour les cadres seulement
Pour ajouter du sel sur cette plaie, la compagnie avait annoncé cet été que le versement de primes totalisant 7,6 millions de dollars à de hauts dirigeants irait de l’avant.
D’un côté, Sears Canada affirmait que ses problèmes économiques ne lui permettaient pas de rembourser tous ses créanciers, y compris le versement d’allocations de départ à ses employés. De l’autre, elle défendait sa décision de donner des bonus à ses cadres en disant qu’ils étaient nécessaires pour dynamiser les activités de l’entreprise.
Aide-mémoire…
– Sears Canada, qui a déjà fermé 59 établissements, compte encore actuellement 74 grands magasins, huit magasins Sears Décor et environ 49 magasins d’électroménagers et de matelas Sears.
– Le détaillant compte environ 12 000 employés, dont les trois quarts travaillent à temps partiel.
– La majorité des quelque 800 employés du siège social de Sears Canada quitteront l’entreprise dès la semaine prochaine.
– Ces chiffres n’incluent pas les suppressions de 2900 emplois annoncées par Sears Canada en juin, lorsque l’entreprise a annoncé la fermeture de 20 grands magasins, 15 magasins Sears Décor, 10 magasins de liquidation et 14 magasins d’électroménagers et matelas Sears.
RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Maxime Bertrand et de Sarah Désilets-Rousseau de Radio-Canada.
En complément
Un fonds spécial à Sears Canada pour indemniser d’anciens employés – Radio-Canada
D’ex-employés de Sears en furie après la perte de leur indemnité de départ – Radio-Canada
Sears Canada se place à l’abri de ses créanciers – Radio-Canada
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