La loi 62 sur la neutralité religieuse qui oblige les gens à recevoir ou à donner des services publics à visage découvert n’est pas répressive. La ministre de la Justice du Québec, Stéphanie Vallée, a tenu à le préciser mardi, tout en donnant des indications sur l’application pratique de la loi.
Les gens qui montent dans un autobus ou qui utilisent le métro n’auront pas à montrer leur visage à moins d’utiliser une carte avec photo d’identité. Mais une fois cette interaction avec le conducteur ou l’employé dans la billetterie terminée, la personne aura le droit de se couvrir le visage, a déclaré Stéphanie Vallée lors d’une conférence de presse à Québec.
Cette clarification et bien d’autres sont apportées après de nombreuses protestations. La loi était jugée inapplicable par certains et discriminatoire par d’autres, qui y voient une atteinte à la liberté des femmes musulmanes. Sans compter que plusieurs trouvaient injuste de demander par exemple aux conducteurs d’autobus ou aux employés de bibliothèques de décider qui obtiendrait leurs services.
« Communication, identification et sécurité »
« En ce qui concerne les services de santé, les gens devront avoir le visage découvert lorsqu’ils sont en contact direct avec un employé, mais lorsqu’ils reviendront par exemple dans la salle d’attente, ils ne seront pas obligés d’avoir le visage découvert », a souligné la ministre Vallée.
« Et, évidemment, a-t-elle poursuivi, personne ne se verra refuser un traitement d’urgence. »
Le même principe s’appliquera aux bibliothèques. Somme toute, dit Mme Vallée, la loi québécoise repose sur trois piliers : une communication de bonne qualité, la capacité d’identifier les usagers des services et la sécurité de tout le monde.
Répondant indirectement à certains politiciens municipaux, dont le maire de Montréal Denis Coderre, farouchement opposé à la loi, Stéphanie Vallée a réitéré que la loi 62 s’appliquera partout dans la province.
Les premiers ministres de l’Alberta et de l’Ontario ont dénoncé la loi québécoise. Quant au premier ministre Justin Trudeau, il a déclaré que les gouvernements ne devraient pas dire aux femmes ce qu’elles peuvent et ne peuvent pas porter. Mais Mme Vallée a de nouveau défendu la loi 62 en disant qu’elle n’est pas répressive parce qu’il n’y a pas de sanctions. Selon elle, la loi ne vise aucun groupe religieux et la plupart des Québécois sont d’accord avec le principe de ce texte.
Par ailleurs, la ministre Vallée n’a pas l’intention de publier les avis juridiques sur lesquels elle s’est appuyée pour rédiger la loi 62 sur la neutralité religieuse. « Nous ne pouvons rendre publics les avis juridiques, car ils sont sous le secret professionnel », a affirmé l’attachée de presse de la ministre, Isabelle Marier-St-Onge, à La Presse canadienne.
Pourtant, alors qu’elle était dans l’opposition en 2014, Mme Vallée estimait que l’absence d’avis juridiques sur le projet de charte de la laïcité témoignait d’un manque de sérieux de la part de l’ancien gouvernement du Parti québécois. « C’est assez particulier. On fait un projet de loi, puis on va attendre que les gens viennent le valider en commission parlementaire? Ce n’est pas un travail rigoureux. Ce n’est pas un travail sérieux », avait-elle dénoncé à l’époque.
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