La chercheuse Nadia Naffi de l’Université Concordia à Montréal ne ménage pas les lecteurs de son blogue en évoquant que sous Hitler, l’Allemagne a connu les conséquences d’une nation qui a cédé à la propagande et au discours haineux. Pour elle, cela peut expliquer l’urgence du gouvernement de ce pays à promulguer une nouvelle loi, connue sous le nom de « Facebook Act », en réponse à la récente montée alarmante du discours de haine en ligne. Le Canada connaît une augmentation semblable.
- La société de marketing des médias Cision a documenté une hausse de 600 % du nombre de messages d’intolérance et de haine dans les médias sociaux publiés par les Canadiens entre novembre 2015 et novembre 2016. les mots-clics comme #banmuslims, #siegheil, #whitegenocide et #whitepower ont été largement utilisés sur les plateformes de médias sociaux populaires tels que Twitter.
- Aussi, un groupe de chercheurs de l’Université Ryerson de Toronto a analysé de façon critique comment les médias canadiens ont couvert l’installation des réfugiés syriens au Canada entre septembre 2015 et avril 2016. Ils ont constaté que plusieurs médias ont joué un rôle important dans le renforcement de l’image négative des réfugiés syriens et musulmans aux yeux du public. Les chercheurs de Ryerson ont constaté que les nouveaux arrivants syriens étaient stéréotypés, criminalisés (en particulier les hommes). Les réfugiés syriens étaient considérés comme des menaces pour la sécurité et les réfugiées syriennes, sans voix, opprimées et désespérées.
Nadia Naffi a voulu en avoir le cœur net et a décidé de s’intéresser à la façon dont les jeunes adultes, consommateurs des contenus en ligne, perçoivent leur rôle dans la société en ce qui concerne les réfugiés, et comment ils interprètent la propagande et les messages haineux en ligne. Nous avons parlé à la chercheuse par le biais de la caméra de son téléphone cellulaire et voici ce qu’elle nous explique sur sa recherche, ses conclusions et les recommandations qu’elle fait. Regardez (vidéo d’une durée de 2 minutes) :
L’étude de Nadia Naffi a porté sur 126 entrevues en profondeur auprès de 42 jeunes de 18 à 24 ans du Canada, du Royaume-Uni, de France, de Belgique, d’Allemagne, du Portugal, d’Italie, de Pologne, de Grèce et du Liban.
Au cours des entrevues, elle a engagé ces jeunes participants dans le processus d’apprentissage d’eux-mêmes en utilisant des outils qu’elle a adaptés à partir de la psychologie des constructions personnelles. Des entrevues approfondies ont été menées auprès de ces jeunes adultes afin de comprendre leur perception de leur rôle dans l’intégration et l’inclusion des réfugiés dans leur société. Grâce aux discussions, chacun de ces 42 jeunes a eu un « moment illuminateur ».Indépendamment de leur situation géographique ou de la façon dont ils ont vécu la crise des réfugiés et les récentes attaques terroristes, ils ont eu la même réalisation soudaine.
Selon Nadia Naffi, ces jeunes ont pu constater qu’ils :
- pouvaient non seulement contrôler la façon dont les médias sociaux les influençaient,
- avaient un rôle à jouer pour façonner l’image des réfugiés grâce à ce qu’ils partageaient en ligne.
- pouvaient critiquer le contenu des médias
- éprouvaient de l’empathie envers les réfugiés et les personnes qui ont rejeté les nouveaux arrivants.
Nadia Naffi est convaincue que les 42 jeunes participants de son étude sont passés de spectateurs passifs à des agents de changement, prêts à jouer un rôle de chef de file pour contrebalancer la propagande haineuse contre les réfugiés.
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