Alors que la crise de santé mentale et le suicide prennent des proportions toujours plus alarmantes au sein des communautés autochtones du Canada, les étudiants en médecine se mobilisent et demandent une stratégie plus musclée de la part d’Ottawa.
Une communauté laissée sur le bord du chemin
Les futurs médecins du Canada iront à la rencontre des députés, sénateurs et autres conseillers politiques sur la colline du Parlement pour montrer leur indignation face au fléau qui décime les populations autochtones du pays.
Elles sont parmi les plus malades et les plus mal soignés, ce qui les contraint très souvent au découragement et aux décisions extrêmes, comme celle de s’enlever la vie.
Un phénomène qui n’épargne pas les jeunes enfants, qui ont été nombreux, au cours des dernières années, à se suicider à cause de la piteuse condition de leurs communautés.
La Fédération des étudiants et étudiantes en médecine du Canada (FEMC) estime que les Autochtones aspirent à un meilleur sort que celui qui leur est réservé.
Le fait qu’ils présentent les plus importantes disparités au niveau de la santé et du statut socio-économique parmi les pays développés devrait être l’objet de préoccupation majeure pour le gouvernement du Canada.
Le taux de suicide parmi les jeunes Autochtones de 15 à 24 ans est de 5 à 6 fois le taux reconnu dans la population générale du même groupe d’âge. Chez les jeunes Inuits, il est 11 fois plus élevé.
Une stratégie plus musclée et une approche concertée
À l’intérieur comme à l’extérieur du pays, Ottawa n’a eu de cesse de multiplier les promesses concernant l’amélioration de la situation des Autochtones au Canada.
À la tribune des Nations unies l’année dernière, Justin Trudeau s’est illustré par un plaidoyer-fleuve pour réparer l’injustice contre ce peuple dont les droits ont été en tout temps bafoués.
Déclarant que les Canadiens en avaient assez des excuses, le premier ministre avait mentionné l’urgence d’agir par des actions concrètes.
Plusieurs initiatives fédérales visant à rendre leur dignité aux Autochtones sont en œuvre depuis quelques années : plus de visibilité dans les médias publics, des ressources additionnelles pour soutenir l’éducation et la santé, construire les infrastructures de base au sein de ces communautés, l’examen des lois et politiques fédérales pour un arrimage aux normes constitutionnelles et aux exigences internationales en ce qui concerne les droits de ces peuples, des mesures envisagées visant l’adoption d’une loi nationale sur les langues autochtones, l’appui de l’action de la Commission de vérité et réconciliation, etc.
Selon la FEMC, ces mesures sont certes louables, mais insuffisantes pour réellement renverser la tendance actuelle, trois ans après la publication du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation.
Elle souligne la nécessité de revoir les investissements en santé mentale et en prévention du suicide.
Grâce à de tels investissements, les Autochtones du pays pourront accéder à des soins de haute qualité qui tiennent compte de leur culture.
C’est ainsi que la stratégie actuelle d’Ottawa devrait être plus dynamique et robuste, avec un accent particulier sur trois aspects clés :
- Réponse fédérale à la crise suicidaire basée sur l’intégration des méthodes et stratégies autochtones
- Examen complet de la répartition actuelle du financement pour s’assurer que chaque communauté autochtone en reçoit une part durable, adaptée à ses besoins, dans le cadre de la Stratégie nationale de prévention du suicide chez les jeunes Autochtones
- Réexamen par Santé Canada et par Services aux Autochtones des programmes et services financés dans le cadre du Programme des services de santé non assurés.
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