À la grandeur du Canada, l’hiver, ce sont des centaines milliers de tonnes de sable et de sel qui sont répandues sur le réseau routier le plus grand du monde.
Dans les zones où les précipitations de neige sont plus abondantes, comme dans les provinces de l’Ontario, du Québec et celles qui bordent l’océan Atlantique, dont le Nouveau-Brunswick, les concentrations de sel pour déglacer les routes sont très élevées.
Uniquement au Québec durant l’hiver 2016-2017, ce sont 1,5 million de tonnes de sels de voirie (de type chlorure de sodium) qui ont été utilisés, dont 800 000 tonnes par le ministère des Transports.
Une partie de ce sel finit par aboutir un jour dans les cours d’eau et les nappes phréatiques, au point où l’on s’interroge de plus en plus des effets à long terme sur l’environnement.
Le transport du sel est lui aussi un facteur de pollution
Une bonne partie du sel d’épandage au Québec fait son chemin depuis les îles de la Madeleine, au coeur du majestueux fleuve Saint-Laurent, où se trouve l’une des plus grosses mines de sel en Amérique du Nord. Pour être acheminé, le sel voyage par bateau, avant d’être stocké par des camions dans des abris tout le long des routes.
Quant à l’Ontario, il s’approvisionne, près de la ville de Windsor, dans le sud de la province, site d’un autre dépôt souterrain gigantesque de sel.
Depuis 20 ans, on mène au Canada des recherches pour trouver des solutions de rechange au sel. Du côté de l’Europe, certains pays épandent également de la roche volcanique nommée pouzzolane, qui permet une meilleure adhérence des pneumatiques à la route.
Le sel demeure pourtant le plus efficace et le meilleur pour ce qui est du rapport qualité-prix. Mais si on ajoutait dans ce prix les dommages causés à l’environnement, il y a lieu de croire que le prix de ce sel d’épandage deviendrait effectivement… beaucoup plus salé.
Écoutez100 000 $ pour des cultures touchées par le sel
Une décision rendue en 2015 par un juge dans le Sud-Ouest ontarien, concernant l’épandage de sel sur les routes, devrait-elle remettre en question l’usage de ce produit.
Un agriculteur avait reçu 100 000 $ d’indemnisation parce que le sel de déneigement, qui avait été épandu par le Comté de Lambton, à proximité du Québec et de la frontière américaine, avait endommagé une partie de ses terres.
« On a du potassium et du magnésium. Les deux sont importants pour la croissance des plantes. Si on a trop de sodium, les racines vont prendre trop de sodium et pas assez de magnésium ou de potassium. Et là, on peut avoir un impact sur la croissance des plantes », explique le gestionnaire du Centre de gestion des eaux usées en zone rurale de l’Ontario, Chris Kinsley.
Quelques chiffres : 1,5 million de tonnes de sels de voirie épandus chaque année au Québec
- 530 $ : coût direct par kilomètre d’autoroute de l’entretien hivernal;
- 143 $ : coût de dépréciation par année d’un véhicule due à la corrosion saline;
- 15 % : proportion d’arbres le long des routes qui sont endommagés par les sels de voirie chaque année;
- 30 % à 45 % : proportion des chlorures contenus dans les Grands Lacs qui proviennent de l’usage des sels de voirie;
- 33 % : économie de carburant en conduisant sur une chaussée déglacée;
(Sources : ministère des Transports du Québec et Environnement Canada)
RCI avec la contribution de Catherine Lachaussée, Richard Daigle, Thomas Gerbet, Daniel Babin, Pascal Yiacouvakis, Guylaine Charette, Claude Bernatchez et Michel Plourde de Radio-Canada
En complément
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