Le réchauffement planétaire risque d’engendrer maintenant, paradoxalement, un refroidissement de l’Est américain et de l’Europe de l’Ouest.

Paris ensevelie sous la neige le 7 février dernier – Photo : Radio-Canada
Les courants océaniques qui contribuent à la régulation du climat, particulièrement dans les régions côtières de ces continents, sont à leur plus faible vitesse depuis la révolution industrielle et des villes comme Paris ou Londres semblent destinées à connaître des hivers aussi rudes que ceux à Montréal
L’actuelle boucle de courants dans l’océan Atlantique, constituée par le Gulf stream et la dérive nord-atlantique, est une dynamique relativement jeune – elle n’a que 7000 ans – et elle apparaît bien fragile.
Cette circulation serait maintenant à son plus faible niveau en 1600 ans, en partie à cause du changement climatique, selon des chercheurs mercredi.
Deux études parues dans Nature viennent valider l’hypothèse formulée il y a près de 30 ans qui prévoyait un affaiblissement des courants en raison de la fonte de la banquise, des glaciers et de plateformes glaciaires, qui libèrent de l’eau douce, moins dense que l’eau salée, dans l’Atlantique Nord.
La vitesse de cette courroie de transmission de la chaleur a décliné d’environ 15 % au cours des cinquante dernières années. Le scénario redouté maintenant consiste en un ralentissement, voire un arrêt de la circulation océanique, provoqué par l’affaiblissement des plongées d’eau froide.
Trop d’eau douce et pas assez d’eau salée
La diminution de la salinité de l’océan, due au déversement de l’eau douce dans les océans, a comme effet la modification de la vitesse et de la chaleur des courants marins entre le Canada et l’Europe.
L’eau douce venue des glaciers vient affaiblir le courant marin entre ces continents, car elle empêche les eaux de devenir trop denses et de couler vers les profondeurs et de provoquer ainsi une remontée des eaux chaudes des zones tropicales de l’Atlantique vers le Nord grâce au Gulf stream. Cela réchauffe au passage l’Europe de l’Ouest.
Si le système continue de faiblir, cela pourrait perturber les conditions météorologiques depuis les États-Unis et l’Europe jusqu’au Sahel et provoquer une hausse encore plus rapide du niveau des mers sur la côte est des États-Unis, avertit le Woods Hole Oceanographic Institution, qui a participé aux plus récentes recherches.
Citoyens et poissons dans la même galère

Radio-Canada
Il n’y a pas que les Canadiens de l’Est et les Européens de l’Ouest qui vont se mettre à avoir plus froid. La zone de confort des poissons et l’industrie de la pèche vont aussi être touché.
En plus, les courants marins transportent d’une zone à l’autre des nutriments, de l’oxygène et des larves de coraux. Ils contribuent également à la capacité des océans à absorber et à stocker du dioxyde de carbone (CO2), principal responsable du réchauffement climatique.
Si les courants marins devaient perdre encore en force, cela conduirait à laisser plus de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.
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