« Les gens ont de la carie, mais, pour nous, les cariologistes, leurs dents ont des lésions. »
Dr Jacques Véronneau
Le Dr Jacques Véronneau n’est pas qu’un dentiste, il est cariologiste, sans doute le seul au Canada.
Depuis des années, il étudie ce terrible phénomène qu’est la carie dentaire, une réalité qui touche de plus en plus de populations sur la planète quand arrive ce qu’il appelle « l’américanisation de l’alimentation », l’entrée de la malbouffe dans les habitudes alimentaires avec son lot de gras saturés et ses tonnes de sucre.
Un exemple parmi tant d’autres
Au Canada, quand le Sud – lire les Blancs – a investi le Nord, les terres et les glaces inuites, ces populations de la banquise n’avait pas de carie. Aucune. Il n’a suffi que de quelques générations pour que le phénomène s’y développe et devienne endémique. Le rapport de l’enquête sur la santé buccale des Inuits 2008-2009 (Santé Canada, Santé des Autochtones) en fait état.
Un cariologiste de l’Université de Pristina au Kosovo, pays où la santé buccale des enfants laisse beaucoup à désirer – 93% des enfants de moins de 5 ans ont une santé buccale précaire – s’est intéressé aux travaux du Dr Véronneau. Il lui a demandé de superviser le parcours d’une doctorante qui tentait de comprendre le problème et d’y apporter une solution.
Tout ça dans l’idéal, évidemment.
C’est alors qu’il s’est intéressé au xylicol.
« Le xylitol est un sucre d’alcool qui vient de l’écorce des bouleaux ou des épis de maïs qui apparaît sous forme de xylose au début. Et, lorsqu’on fait de l’hydrogénisation de ce produit naturel, on va arriver avec un produit sucré naturel qui est le xylitol. Il est utilisé en Finlande à hauteur de 10 % depuis les années 60 comme édulcorant en alimentation. Les chercheurs finlandais ont découvert que le xylitol avait comme fonction d’empêcher le métabolisme des bactéries cariogènes. »
Dr Jacques Véronneau
Donc, le xylitol est un sucre – un « ose », sucrose, fructose, saccharose, etc. – qui empêche les bactéries de se développer. Cela dit, le produit est abondant et facile d’accès. Il fallait trouver comment l’inclure dans un dentifrice.
« Depuis les années 60, on avait testé des gommes à mâcher au xylitol, des menthes au xylitol, mais jamais une pâte à dents strictement au xylitol. J’ai tenté le coup en mettant le seuil à 25 %. C’est donc une pâte naturelle, issue d’un produit naturel. »
Et les résultats sont phénoménaux.
Testé sur plus de 200 enfants au Kosovo, avec groupe témoin évidemment, le dentifrice au xylitol a permis à 60 % des enfants atteints de carie dès l’arrivée des premières dents, vers l’âge de 6 mois, d’en être soignés en moins de trois mois!
« On ne se contentera plus de chercher à renforcer l’émail des dents avec les produits usuels fortement annoncés une fois que les dommages sont déjà faits, mais plutôt de changer le risque, d’empêcher que de jeunes parents viennent contaminer la flore bactérienne par échange salivaire de leurs jeunes enfants, de mieux faire fonctionner le fluorure dans des programmes scolaires qui, pour l’instant chez des individus fortement infectés sont très questionnables et ainsi de suite. »
Dr Jacques Véronneau
Le Dr Jacques Véronneau raconte.
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