Au lieu de les voir simplement comme un réservoir de terroristes potentiels, les jeunes devraient être mis à contribution dans les campagnes de lutte contre l’extrémisme. Ce message a été répété lors de la récente conférence de haut niveau des chefs d’agences de lutte contre le terrorisme des États membres de l’ONU à New York.
On le sait, les médias sociaux, les communications chiffrées ou le web caché sont devenus les nouveaux outils de prédilection des groupuscules terroristes et extrémismes. Ils s’en servent pour véhiculer leurs messages, radicaliser et recruter de nouveaux adeptes. Or, les jeunes sont les principaux usagers des nouvelles technologies et constituent les principales cibles de ces groupuscules.
Mais les jeunes ne doivent pas être perçus comme la plus grande menace dans la lutte contre l’extrémisme. Ils sont plutôt « notre plus grand espoir », prévient Achim Steiner, l’Administrateur du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
Mieux, ajoute M. Steiner, il faut reconnaitre le rôle unique des jeunes et miser sur eux pour en faire des partenaires. Certes, ils sont les cibles de la radicalisation et du recrutement des groupes extrémistes, mais les jeunes savent aussi y résister grâce à une utilisation avisée des médias sociaux et d’Internet.
Puisque, selon lui, il faut trouver « des solutions technologiques pour combattre des tactiques technologiques », M. Steiner estime que « les nouvelles technologies ont un potentiel énorme pour s’attaquer aux causes profondes et aux moteurs de l’extrémisme violent ».
L’influence déterminante des pairs
On sait déjà que grâce aux médias sociaux et à Internet, les jeunes peuvent échanger et partager des contenus, sans le filtre des adultes ou le caractère autoritaire du discours parental. Il existe de fait des subcultures participatives de jeunes où circulent une multitude de vidéos dans lesquelles des jeunes prennent position sur de nombreux sujets d’actualité, des questions identitaires, des normes sociales, le racisme, la religion, etc.
En somme, les jeunes eux-mêmes peuvent jouer un rôle de premier plan dans la prévention de l’extrémisme qui les cible. Parlant de prévention, elle est l’une des composantes clés dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. Ces fléaux ne pourraient être éradiqués par la seule solution sécuritaire.
Pour le chef du PNUD, « les approches préventives permettent de sauver des vies et sont rentables ». Une étude conjointe de l’ONU et de la Banque mondiale va dans le même sens lorsqu’elle affirme que la prévention génère des économies de 5 à 70 milliards de dollars par année.
Le désespoir et la frustration peuvent inciter les jeunes à perdre confiance en leurs institutions. La marginalisation et l’exclusion de certains groupes peuvent aussi accroître les risques de radicalisation, voire d’extrémisme violent, selon ce haut responsable onusien.
Agir tout de suite
L’heure est donc à l’action immédiate et concertée. À l’ouverture de la Conférence de haut niveau des chefs d’agences de lutte contre le terrorisme des États membres des Nations unies, le 28 juin, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres était formel : « La nature transnationale du terrorisme signifie que nous avons besoin d’une coopération multilatérale ».
De son côté, le patron du PNUD rappelle que le coût économique élevé de la violence à l’échelle mondiale : 14 560 milliards de dollars américains par année, soit 1988 $ par habitant de la planète. En 2017, l’Institut pour l’économie et la paix (IEP) indiquait que les violences privent l’humanité de près de 13 % de ses richesses et que le terrorisme représentait 1 % du coût total de la violence mondiale.
(Avec des informations d’ONU Nouvelles, PNUD)
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