Un jeune béluga et sa mère, le 12 aout 2008. (Crédit photo : THE CANADIAN PRESS/Darryl Dyck)

Bélugas : les bruits dans l’estuaire du Saint-Laurent nuisent à leur survie

Les bruits qui proviennent du trafic maritime dans les eaux du Saint-Laurent mettent à mal la santé des bélugas. Afin de mieux préserver l’espèce, le gouvernement du Québec a annoncé mercredi un investissement de 2 millions de dollars à l’Université du Québec en Outaouais. On en parle avec Robert Michaud, directeur scientifique et président du GREMM, le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins.

En tant qu’espèce menacée, les bélugas du Saint-Laurent ont besoin de toute notre attention pour assurer leur survie, rappelle-t-il en entrevue. « C’est une petite population en déclin. Elle est isolée de ses voisines du nord. La population compte environ 1000 individus. On a déjà bien identifié quelques menaces à la survie des bélugas comme l’accès à la nourriture, l’impact des contaminants chimiques et le bruit. À ce titre, il doit y avoir des efforts dirigés vers l’atténuation de chacune de ces menaces. »

Écoutez

En ce qui concerne le bruit, le béluga demeure très sensible aux sonorités maritimes. « En fait, les bélugas sont de petites baleines à dents qui utilisent les sons comme les dauphins ou les épaulards pour naviguer, pour communiquer et trouver leur nourriture. Depuis une trentaine d’années, on mesure de mieux en mieux l’impact de nos activités comme les déplacements des bateaux qui ont en quelque sorte envahi l’espace acoustique de ces mammifères marins », explique le directeur scientifique.

Robert Michaud, directeur scientifique et président du GREMM (Crédit photo : Gundula Friese)

« On a maintenant des traces de plus en plus probantes de cette interférence, poursuit-il. Quand on pénètre dans l’habitat naturel des baleines avec nos bateaux, l’empreinte acoustique de nos navires vient rétrécir l’habitat des animaux. Ces observations nous forcent aujourd’hui à nous interroger sur des façons de mieux cohabiter avec les baleines. Et lorsqu’on parle de trafic maritime, la question se pose avec plus de précision. »

L’investissement du gouvernement du Québec est destiné à un programme scientifique portant sur la modélisation du trafic maritime. « Il permettra de travailler sur un modèle de simulation développé par le Dr Clément Chion de l’Université du Québec en Outaouais. Ce modèle intègre les informations qui proviennent de plusieurs projets de recherche en cours ou complétés. Il consiste à développer une plateforme vidéo dans laquelle on peut simuler le déplacement des navires avec leur empreinte acoustique. Il permet également de simuler tous les déplacements en trois dimensions des bélugas », raconte M. Michaud.

Les trois objectifs du programme

– Évaluer l’impact de la Stratégie maritime du Québec sur les mammifères marins et en particulier sur le béluga du Saint-Laurent.

– Déterminer l’efficacité, les coûts et les bénéfices de différentes pratiques ou innovations technologiques visant à atténuer ou à éviter ces impacts.

– Alimenter les processus décisionnels en communiquant les résultats du programme scientifique qui tient compte des contraintes opérationnelles et de sécurité de la navigation.

(Sources : Cabinet du ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs)

Le GREMM est une organisation sans but lucratif qui travaille pour mieux comprendre et mieux protéger les bélugas du Saint-Laurent en particulier. La science et l’éducation au service de la conservation.

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Catégories : Environnement et vie animale, Politique
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