L'optimisme est de retour dans les discussions sur le renouvellement de l'accord de libre-échange nord américain (Aléna) REUTERS/Edgard Garrido - RC1231CE05C0

ALENA : toujours sous respiration artificielle?

Plongé dans un profond coma depuis quelques mois, on croyait l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) sur le point de mourir de sa belle mort. Mais, surprise jeudi, on a appris que la renégociation du traité pourrait se conclure en août.

C’est l’intransigeance américaine qui est souvent présentée comme la cause de l’enlisement de la renégociation de l’ALENA. Mais le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, vient d’indiquer que Washington espérait nouer un accord de principe prochainement. Et lors d’une audition au Sénat, le représentant américain au Commerce Robert Lighthizer a déclaré aux élus que l’objectif des négociateurs est d’aboutir à un accord au mois d’août.

Selon lui, « ce n’est pas une échéance déraisonnable si tout le monde veut que cela se fasse ». M. Robert Lighthizer a tenu ces propos peu avant sa rencontre avec des responsables mexicains venus dans la capitale fédérale américaine pour reprendre les tractations interrompues depuis juin.

Robert Lighthizer est convaincu qu’une conclusion prochaine de la renégociation de l’ALENA est possible. (REUTERS / Edgard Garrido

Le ministre mexicain de l’Économie, Ildefonso Guajardo, a lui aussi estimé que « la fenêtre […] pour parvenir à un accord est d’ici à la fin août », à l’issue d’une rencontre avec M. Lighthizer. Outre M. Guajardo, le ministre mexicain des Affaires étrangères, Luis Videgaray, a fait le déplacement à Washington pour reprendre les discussions avec les représentants américains. Des membres de l’équipe du nouveau président élu mexicain Andres Manuel Lopez Obrador étaient également présents en tant qu’observateurs. Les discussions se poursuivront vendredi, ont indiqué les deux parties.

Le gouvernement mexicain a déjà fait savoir qu’un accord sur l’ALENA pourrait être trouvé d’ici la fin du mandat du président Enrique Pena Nieto, prévue le 30 novembre. Mercredi, le Mexique et le Canada ont réaffirmé leur volonté de maintenir le caractère trilatéral du traité malgré les menaces de la Maison-Blanche d’opter pour des accords bilatéraux.

La ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland, qui dirige les négociations pour Ottawa, a déclaré mercredi que des progrès significatifs ont été réalisés et « le Canada croit qu’une modernisation de l’ALENA gagnant-gagnant-gagnant est tout à fait à notre portée, nous travaillons dur pour cela ».

La ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland souhaite la conclusion d’un accord bénéfique à tout le monde. (REUTERS/Edgard Garrido )

Confusion à Washington?

Alors que le ton est à l’optimisme entre Mexico et Washington, Ottawa est resté muet sur les perspectives d’un accord au mois d’août. Parallèlement, Steven Mnuchin a troublé les esprits jeudi en soulignant que Donald Trump n’excluait toujours pas l’adoption d’accords bilatéraux États-Unis/Canada et États-Unis/Mexique.

On a aussi appris mardi que M. Trump avait adressé une lettre à Andres Manuel Lopez Obrador, dans laquelle le président américain pressait son homologue de faire aboutir « rapidement » les négociations, menaçant à défaut d’emprunter « une route très différente », en référence à sa menace constante de sortir du traité.

Dès son entrée dans la course pour la Maison-Blanche, Donald Trump n’a eu de cesse de dénoncer l’ALENA, responsable selon lui de la perte de milliers d’emplois aux États-Unis, en particulier dans le secteur automobile. Il dénonce en particulier les délocalisations massives d’usines vers le Mexique, où la main-d’œuvre est moins chère qu’aux États-Unis.

Pour Donald Trump, seuls comptent les intérêts américains dans les échanges commerciaux. (Photo : Saul Loeb Agence France-Presse)

Trump dénonce aussi le déficit commercial des biens avec Mexico, estimé à 70,95 milliards de dollars en 2017 contre un excédent de 1,6 milliard avant l’entrée en vigueur de l’ALENA en 1994. Le Canada, le Mexique et les États-Unis sont d’avis que le traité conclu il y a près d’un quart de siècle doit subir une cure de jouvence. Et ils avaient entamé, à la mi-août 2017, les négociations avec la volonté d’aller vite.

Les discussions se sont toutefois butées à la volonté de l’administration Trump d’imposer une « clause crépusculaire »  qui permettrait aux parties de mettre fin à l’accord tous les cinq ans et éventuellement de le renégocier. Idée rejetée avec force par le gouvernement canadien.

L’ALENA est particulièrement important pour le Mexique qui exporte 80 % de ses biens, essentiellement des biens manufacturiers comme les voitures, mais aussi des produits agricoles, vers les États-Unis.

(Avec l’AFP)

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