Depuis le 1er novembre, les médecins du Canada peuvent prescrire à leurs patients des visites au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). Une idée farfelue? Non, pas du tout. C’est d’ailleurs très sérieux. Ce programme unique au monde est en fait un projet pilote dont l’objectif se réfère sur les nombreuses recherches concernant la thérapeutique de l’art. Alors, l’art est-il bon pour la santé? On en parle avec Natalie Bondil, directrice du MBAM.
L’art-thérapie, Nathalie Bondil y croit depuis un certain nombre d’années déjà. « Pour moi, c’était un rêve qu’un jour on allait avoir des prescriptions médicales pour aller faire des visites dans les musées. J’ai eu l’occasion d’exprimer ce vœu l’année dernière quand j’ai été invitée par le congrès de l’Association des médecins francophones du Canada (MdFC). Un an plus tard, nous y sommes. »
La directrice a toujours eu l’intime conviction que l’art pouvait faire du bien. « Cela fait maintenant plusieurs années que je bâtis tout un programme autour de l’art et la santé. Nous avons mis en place un comité art et santé lancé par Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec. Nous proposons maintenant toutes sortes de projets qui vont de l’art-thérapie à d’autres initiatives sur la santé mentale, la cardiologie, l’alzheimer, l’autisme, etc. »
Écoutez l’entrevue avec Nathalie Bondil (8 minutes et 37 secondes) :
ÉcoutezL’Association des médecins francophones du Canada a fait preuve d’une attitude très positive et ouvertes, raconte Mme Bondil. « Ils ont su saisir la balle au bond afin d’élaborer un projet extraordinaire. »
« De nos jours, on parle beaucoup de l’intelligence artificielle, mais je crois beaucoup à l’intelligence émotionnelle, poursuite la directrice. Pouvoir rentrer en contact avec notre être sensible est très important d’un point de vue du sentiment d’apaisement. Lorsqu’on ressent une émotion artistique au musée, qui est un lieu en soi bienveillant, il se produit des impacts biochimiques sur notre bien-être. »
Et le musée est un lieu public et accessible, ouvert à tout le monde. « C’est un endroit qui nous fait sortir de notre mal-être. Il permet de nous décadenasser de la prison qu’est la douleur ou la maladie. Les professionnels de la santé y voient toutes sortes d’avantages. Bien entendu, la visite au musée n’est pas un substitut à d’autres médications, mais plutôt un outil complémentaire que l’on offre aux médecins et aux patients. »
Mme Bondil explique que le patient qui se rend au musée est maître de son parcours. « À chacun de faire ses choix, dit-elle. Le Musée des beaux-arts de Montréal propose aussi d’autres lieux de pratique, notamment en ce qui concerne l’art-thérapie avec notre ruche d’art, un véritable espace de création multidisciplinaire. Nous sommes d’ailleurs le seul musée à avoir un art-thérapeute à plein temps employé par le musée. Donc libre à tous et toutes de venir déambuler, pratiquer, marcher, échanger, dialoguer, bref de se faire du bien. »
À compter du 1er novembre 2018, les membres de Médecins francophones du Canada pourront prescrire à leurs patients des visites au MBAM. Adjuvant aux traitements conventionnels, ces ordonnances médicales inédites permettront aux patients et à leurs proches (famille et aidants) de profiter des bienfaits de l’art sur la santé dans le cadre de visites gratuites.
Ce projet collaboratif particulièrement novateur entre le MBAM et MdFC, qui regroupe quelques milliers de membres pratiquant majoritairement dans la grande région de Montréal, consolide les liens entre le milieu médical et muséal. L’initiative est la première en son genre dans le monde.
Le nouveau programme Prescriptions muséales MBAM-MdFC s’ajoute à l’éventail d’outils de traitement et d’intervention du médecin. Il rend les visites au musée accessibles à des milliers de patients souffrant de divers problèmes de santé physique et mentale. Les Prescriptions muséales contribuent au mieux-être et au rétablissement de ces personnes en leur offrant un accès gratuit à un lieu sécuritaire et bienveillant, une expérience enrichissante et relaxante, un moment de répit, ou encore l’occasion de resserrer les liens avec leurs proches.
Dans une première phase du projet, les médecins participants pourront prescrire jusqu’à 50 ordonnances pour une visite des collections et expositions du MBAM lors de leurs consultations (chacune valable pour un maximum de deux adultes et de deux enfants de 17 ans et moins). Pour prendre part à ce programme, les membres de MdFC sont invités à s’inscrire sur le site web de l’association.
Source : Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM)
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