Au cours des années 1940, le Canada a procédé à des déplacements massifs de Canadiens d’origine japonaise et à la dépossession de personnes pour des motifs raciaux. Les membres de cette population ont perdu leur maison, leur ferme, leur entreprise, ainsi que leurs biens personnels, familiaux et communautaires.
Depuis 2011, le projet Landscapes of injustice (Paysages d’injustice) s’intéresse à ce passé difficile des Canadiens d’origine japonaise pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Laura Madokoro, du Département d’histoire et d’études classiques de l’Université McGill, est l’une des chercheuses qui s’est impliquée depuis le début du projet. Elle croit qu’il y a des pans de l’histoire des Canado-Japonais qui doivent être mis en lumière.
Le projet Paysages d’injustice regarde en détail tous les processus reliés à la vente de propriétés et des objets, tels les fermes, équipements et bateaux lors de la réinstallation de ces Canadiens dans des camps.
Les chercheurs s’intéressent à cet aspect parce qu’au fil du temps ils se sont rendu compte que ces ventes de propriétés ont eu un impact sur les Canadiens d’origine japonaise quand, après la guerre, ils ont eu à prendre la décision de retourner en Colombie-Britannique ou partir au Japon.
La recherche n’a pas été facile puisque les objets et les propriétés vendues n’existent plus. Laura Madokoro explique comment la recherche a été réalisée.
Le projet Landscapes of injustice (Paysages d’injustice) est à mi-parcours et passe désormais de l’étape de la recherche à celle de la mobilisation et du partage des connaissances. Dans cette perspective, une série de conférences et de rencontres avec le public a été organisée cet automne et elle se poursuivra en 2019 en commençant par une exposition au Musée maritime de la Colombie-Britannique.
Lost Fleet se penche sur le monde des pêcheurs canadiens d’origine japonaise en Colombie-Britannique et sur le racisme profondément enraciné qui a joué un rôle majeur dans la saisie et la vente de biens canadiens d’origine japonaise et dans l’internement d’un peuple entier.
Originaire des Cantons-de-l’Est, au Québec, Laura Madokoro a parcouru une série de chemins, dont celui de l’enseignement au Japon et un passage comme archiviste à Bibliothèque et Archives Canada, avant de faire un retour dans la vie universitaire en 2007. Elle a obtenu son doctorat en histoire à l’Université de la Colombie-Britannique en 2012 avec l’appui du CRSH et de la Fondation Trudeau et a passé l’année suivante au département d’histoire de l’Université Columbia à titre de boursière postdoctorale du CRSH.
Laura Madokoro est l’auteure d’Elusive Refuge : Chinese Migrants in the Cold War (Harvard University Press, 2016), qui documente l’expérience des migrants chinois pendant la guerre froide et les politiques d’exclusion et d’humanitarisme des sociétés de colons blancs aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Afrique du Sud. Elusive Refuge a reçu le prix du meilleur livre en sciences sociales de l’Association of Asian American Studies en 2018, le prix Ed Wickberg de la Chinese Canadian Historical Society et le prix Furniss Book Award 2016 du Mershon Center.
Elle a aussi publié de nombreux articles, notamment dans Photography and Culture, Social History / Histoire sociale, le Journal of Refugee Studies, la Revue historique du Canada, le Journal of the Canadian Historical Association et l’Urban History Review. Elle est également corédactrice en chef de Dominion of Race : Rethinking Canada’s International History, dans lequel elle a également rédigé un historique des relations, qu’elle définit comme ambivalentes, du Canada avec le régime international des réfugiés.
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