Santé Canada publiera, mardi, sa huitième version du Guide alimentaire canadien. Ce controversé document existe depuis 1942 et n’a pas été mis à jour en 12 ans.
La version 2007 proposait quatre grands groupes : les produits laitiers, les produits céréaliers, les fruits et légumes, et les viandes et leurs substituts. Or, la nouvelle version propose trois catégories, où les produits laitiers ne constituent plus une catégorie distincte, car l’approche du ministère n’est plus de faire la promotion de produits alimentaires spécifiques, mais plutôt de nutriments. Une situation décriée par les producteurs laitiers au pays.
Le Guide alimentaire canadien de 2007 recommandait que chaque Canadien consomme de 2 à 3 verres de lait et de 2 à 3 cuillères à soupe de graisse non saturée chaque jour. Pourtant, il n’existe pas de preuve convaincante que le lait doit-être l’aliment de premier choix pour procurer quotidiennement le calcium dont les Canadiens ont besoin.
Cette recommandation, bien qu’extrêmement sympathique à l’agriculture canadienne et à l’industrie du lait, ne servirait pas selon des experts l’intérêt supérieur de notre santé.
Un guide 2007 dépassé par la science de l’alimentation
Santé Canada subit des pressions depuis des années de la part de défenseurs de la santé publique qui voulaient s’assurer qu’il y aurait des changements majeurs dans le nouveau Guide alimentaire canadien.
Le directeur général du bureau de la politique et de la promotion de la nutrition à Santé Canada, Hasan Hutchinson, reconnaissait, il y a plusieurs mois, une impression qui perdure chez plusieurs responsables de la santé que le dernier guide était trop influencé par l’industrie et les lobbys alimentaires.
Cette impression aurait eu pour conséquence de miner la confiance des Canadiens envers le guide alimentaire.
Les trois groupes du nouveau Guide alimentaire 2019 : Des légumes et des fruits; des aliments à grains entiers et des aliments protéinés
Une épidémie d’obésité
La révision 2019 du guide devait donc s’attaquer à ce problème de perception en plus de lutter contre le grave problème d’obésité qui sévit au pays. Cette recommandation spécifique avait été formulée en 2016 par un comité sénatorial.
Selon Statistique Canada, le nombre d’enfants et d’adolescents obèses de 3 à 19 ans a plus que doublé, en 40 ans, passant de 5 % à 13 %. De plus, pour le pays, le coût annuel en soins de santé et perte de productivité de l’obésité varie entre 4,6 milliards et 7,1 milliards de dollars.
Or, en présentant les jus de fruits comme un choix santé, le Guide alimentaire canadien de 2007 montrait qu’il avait besoin d’être mis à jour, selon les sénateurs. « Les jus de fruits y sont présentés comme des aliments sains, alors qu’ils ne sont en fait rien de plus que des boissons gazeuses sans bulles », pouvait-on lire dans le rapport.
RCI avec la contribution de Julien McEvoy de Radio-Canada
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