Après avoir soudainement congédié, samedi, son ambassadeur en Chine, le premier ministre canadien devrait nommer coûte que coûte un envoyé spécial de haut niveau pour traiter avec Pékin. C’est ce qu’avance Guy Saint-Jacques, qui a été ambassadeur en Chine jusqu’en 2016.
Selon l’ancien ambassadeur, le gouvernement devrait procéder à la nomination immédiate d’un envoyé spécial et ne pas attendre la sélection d’un ambassadeur permanent, processus qui peut prendre un certain temps.
Pour l’instant, Jim Nickel, chef de mission adjoint en Chine, deviendra l’homme de confiance du Canada à Pékin, mais il est peu probable qu’il soit nommé ambassadeur.
Guy Saint-Jacques estime que la nomination d’un envoyé de haut niveau donnerait un bon signal à la Chine que le Canada est déterminé à mettre fin au conflit diplomatique en cours entre les deux pays depuis l’arrestation en décembre dernier, à Vancouver, d’une haute dirigeante de l’entreprise Huawei. Rappelons que la Chine détient depuis deux Canadiens, Michael Kovrig et Michael Spavor.
Une étape délicate entre les deux pays
« Il serait important que le premier ministre envisage d’envoyer un envoyé de haut niveau, chargé d’essayer de résoudre le problème, ou du moins de faire baisser la température avec les Chinois. Je pense que nous sommes à un stade où nous avons besoin d’un bon dialogue face à face », indique M. Saint-Jacques.
Margaret McCuaig Johnston, une éminente boursière de la Fondation Asie Pacifique du Canada, est du même avis. « Peut-être le premier ministre ferait-il bien d’avoir un envoyé spécial comme [l’ancien premier ministre] Jean Chrétien qui serait envoyé en Chine pour se concentrer uniquement sur les détenus », suggère-t-elle.
L’ambassadeur John McCallum a été renvoyé samedi
Selon une déclaration du cabinet du premier ministre publiée samedi, Justin Trudeau a demandé à M. McCallum de lui remettre sa démission vendredi soir.
Ce dernier s’était mis dans l’eau chaude plus tôt cette semaine en déclarant que Meng Wanzhou, la directrice financière du géant technologique chinois Huawei, détenue au Canada à la suite d’une demande d’extradition des États-Unis, disposait d’arguments juridiques solides pour éviter l’extradition.
Il avait souligné trois aspects où la demande d’extradition des États-Unis pourrait être contestée par Mme Meng. Le premier aspect reposait selon lui sur les commentaires de Donald Trump le mois dernier. Celui-ci avait suggéré qu’il pourrait facilement intervenir dans cette affaire si cela pouvait aider les États-Unis sur le front de la sécurité nationale ou dans leurs efforts pour négocier un accord commercial avec la Chine.
Deuxièmement, l’ambassadeur avait soutenu qu’il y avait « un aspect extraterritorial à ce cas », sans expliquer en quoi le cas de Meng diffère de toutes les autres demandes d’extradition qu’un gouvernement étranger présente au Canada.
Enfin, M. McCallum avait fait remarquer que le Canada n’a pas adhéré aux sanctions américaines que Mme Meng est accusée d’avoir essayé de contourner. « Je pense donc qu’elle a des arguments solides qu’elle peut présenter devant un juge », avait dit l’ambassadeur.
Après s’être excusé jeudi, l’ambassadeur avait de nouveau provoqué la controverse, vendredi, en affirmant à un journaliste de Vancouver que ce serait une très bonne chose pour le Canada si les États-Unis choisissaient de ne plus aller de l’avant avec leur demande d’extradition.
RCI avec La Presse canadienne, CBC News et la contribution de Radio-Canada
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