La justice américaine vient de déposer 13 accusations criminelles contre le géant chinois des télécommunications Huawei, dont sa directrice financière, Meng Wanzhou, qui a été arrêtée le mois dernier au Canada à la demande des États-Unis.
Lundi soir, le ministère de la Justice du Canada a confirmé que ses fonctionnaires avaient reçu une demande officielle d’extradition des États-Unis ciblant Meng Wanzhou.
Le procureur général américain par intérim, Matthew Whitaker, précise que Huawei et sa filiale Skycom Tech, basée à Hong Kong, sont accusés de fraude bancaire et de fraude par virement électronique, ainsi que de violations de l’Internationale Emergency Economic Powers Act et de complot de blanchiment d’argent. Huawei USA et sa société mère sont également accusés de complot pour entrave à la justice.
Meng en particulier fait face à des accusations de fraude bancaire, de fraude électronique et de complot en vue de commettre à la fois une fraude bancaire et une fraude électronique.
Accusations d’activités d’espionnage
La justice américaine a également annoncé 10 autres accusations de fraude électronique, de vol commercial et d’entrave à la justice contre deux autres cadres de Huawei qui auraient tenté de voler des secrets commerciaux.
Les États-Unis allèguent que les deux dirigeants ont tenté de voler la technologie robotique du transporteur américain T-Mobile pour tester la durabilité des téléphones intelligents.
M. Whitaker a déclaré qu’il ne s’agissait pas d’« employés voyous » agissants seuls, mais que le vol de propriété intellectuelle était une « façon de faire des affaires » encouragée par Huawei elle-même.
La balle qui se trouve dans le camp du Canada
La demande officielle d’extradition de Meng Wanzhou devrait faire l’objet d’une audience. Un juge de la Colombie-Britannique déterminera s’il y a suffisamment de preuves pour qu’elle soit extradée.
À partir de là, le ministre canadien de la Justice devra prendre la décision, en se fondant sur la Loi sur l’extradition.
Whitaker et le directeur du FBI, Christopher Wray, ont tous deux remercié les autorités canadiennes pour leur aide à ce jour dans cette affaire qui a plongé le Canada dans une dispute importante avec la Chine.
Le Canada soutient que l’affaire n’est pas motivée politiquement, mais l’arrestation de Meng a déclenché une fureur diplomatique qui a entraîné l’arrestation de Canadiens en Chine.
Huawei et la Chine réagissent
« L’entreprise nie qu’elle-même ou sa filiale ou société affiliée ait commis l’une des violations alléguées de la loi américaine énoncée dans chacun des actes d’accusation, n’a connaissance d’aucun acte répréhensible de la part de Mme Meng et estime que les tribunaux américains parviendront finalement à la même conclusion, » affirme Huawei dans un communiqué.
Wen Ku, responsable de l’information et des communications au ministère chinois de l’Industrie et des Technologies de l’information, déclare que les actes d’accusation sont « injustes et immoraux ».
Le ministère chinois des Affaires étrangères, quant à lui, a exhorté les États-Unis à mettre fin à ce qu’il a qualifié de « répression déraisonnable » des entreprises chinoises, dont Huawei, et à annuler son mandat d’arrêt contre Meng.
Selon le ministère des Affaires étrangères chinois, Washington tente de politiser cette histoire et d’utiliser « son pouvoir pour discréditer et attaquer certaines entreprises chinoises, dans une tentative d’étrangler leurs opérations, qui sont légitimes et légales ». Le Canada et les États-Unis, poursuit-il, « abusent » de leur traité d’extradition.
L’annonce de ces accusations survient au moment même où la Maison-Blanche planifie la venue d’une équipe de conseillers économiques de haut niveau qui rencontrera une délégation chinoise plus tard cette semaine pour discuter du commerce entre les deux pays.
RCI avec CBC, La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada
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