Une enquête portant sur plus de deux douzaines d’incursions en piste en cinq ans et une série de rapports concernant des pilotes distraits ou confus font dire au Bureau canadien de la sécurité des transports (BST) que l’aéroport le plus achalandé du Canada est le théâtre de situations potentiellement catastrophiques.
Le BST, qui a enquêté sur 27 incursions en piste entre 2012 et 2017, révèle notamment un événement au cours duquel un avion ayant fait son atterrissage a pratiquement traversé une piste active où circulait un autre appareil, malgré les avertissements explicites du contrôleur aérien.
« Les incursions examinées dans le présent rapport mettent en cause des équipages qui avaient reçu l’ordre explicite d’attendre avant de traverser une piste, qui avaient bien redit cette instruction donnée par le contrôleur aérien, qui avaient donc compris qu’ils devaient s’arrêter, car ils approchaient d’une piste en service », indique dans son rapport Kathy Fox, présidente du Bureau de la sécurité des transports.
Le BST est un organisme indépendant qui fait enquête sur les incidents de transport, mais qui n’attribue ni n’établit les responsabilités en matière de faute.
L’aéroport Pearson se positionne aussi comme l’un des 40 aéroports les plus achalandés dans le monde.
Il est l’un des quatre points d’entrée aux États-Unis les plus importants, avec 5,6 millions de passagers entrant aux États-Unis chaque année.
Deux pistes particulièrement problématiques
Le Bureau de la sécurité des transports recommande de modifier la disposition des deux pistes de l’aéroport à l’extrémité sud de la zone aéroportuaire afin de réduire le risque de collision entre les aéronefs.
Selon les enquêteurs, les 27 incidents signalés à l’aéroport Pearson se sont produits, sans exception, dans la zone occupée par deux pistes parallèles rapprochées qui sont reliées entre elles par une multitude de voies de circulation à sortie rapide. Ce sont de courts tronçons de piste que les avions peuvent utiliser pour se déplacer de l’une à l’autre.
Le risque d’accident augmente sévèrement quand les deux pistes d’atterrissage sont utilisées en même temps aux heures de pointe. Les problèmes surgissent lorsqu’un avion a atterri sur la piste la plus au sud et tente d’emprunter l’une de ces voies de transit.
« Lorsqu’un avion atterrit, il doit dégager la piste le plus tôt possible parce que le prochain avion qui s’approche n’est peut-être qu’à une trentaine de secondes derrière lui », déclare Ewan Tasker, un enquêteur du BST.
Mais l’aménagement des voies de circulation entre les deux pistes est « différent de presque tous les autres grands aéroports d’Amérique du Nord », et il présente plusieurs caractéristiques de conception « peu communes ». Cette situation a créé de la confusion parmi les équipages de vol et augmenté les risques d’une collision majeure, selon le rapport.
« Malgré tous les repères visuels, y compris les feux, la signalisation et les marques de peinture, les équipages professionnels ne s’arrêtaient pas toujours à temps, ce qui risque de provoquer une collision avec un autre avion sur l’autre piste.
Des modifications à prévoir
Dans au moins 5 des 27 cas, entre 2012 et 2017, des interventions de dernières secondes des contrôleurs aériens ont évité des collisions possiblement mortelles.
Le BST recommande entre autres de modifier la conception et l’emplacement des voies de circulation qui relient les deux pistes.
Les recommandations à court terme du BST suggèrent des changements au langage utilisé par les contrôleurs dans leurs instructions afin de mieux se conformer aux lignes directrices internationales.
RCI avec CBC News
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