La montée du populisme, des conflits qui perdurent, notamment au Moyen-Orient, des organisations internationales discréditées, la paix dans le monde semble un rêve de plus en plus lointain. À l’ère de Donald Trump et de Vladimir Poutine, les mouvements pacifistes sont-ils en panne? On en parle avec Carl Bouchard, professeur à l’Université de Montréal et spécialiste de l’histoire du pacifisme.
Le pacifisme est un sentiment et un comportement, explique en entrevue Carl Bouchard. « Depuis le début du XIXe siècle dans le monde occidental, s’est développée cette idée qu’on pouvait agir pour promouvoir la paix sur Terre. »
Dans la recherche sur le pacifisme, on différencie deux courants principaux, la paix négative et la paix positive. Pour M. Bouchard, il existe ainsi plusieurs formes de paix.
« Il y a la paix négative, théorisée par Spinoza et plus récemment par le chercheur norvégien Johan Galtung. C’est l’absence de guerre. Un concept opposé à la paix positive, qui n’est pas seulement l’absence de guerre, mais surtout la réduction de la violence et de la violence structurale comme l’injustice ou les inégalités. »
Écoutez l’entrevue avec Carl Bouchard (10 minutes et 19 secondes) :
ÉcoutezSelon le professeur, même si le monde vit peu de conflits interétatiques, les risques de conflits n’ont pour autant pas disparu. « On peut parler d’une paix assez généralisée sur la planète depuis plusieurs décennies. Par contre, on est témoin d’une augmentation considérable des conflits civils ou interétatiques. On a le sentiment aujourd’hui qu’il y a un dérapage. »
La parole pacifiste semble moins audible aussi, déclare M. Bouchard. « C’est difficile de tenir la parole pacifiste en permanence. Les mouvements pacifistes se recadrent vers d’autres types de préoccupations comme les questions écologiques ou environnementales. Autant de nouvelles problématiques qui peuvent elles aussi mener à des guerres. »
« Au niveau international, l’ambiance est à l’inquiétude, poursuit le professeur. Un des grands défis du pacifisme a longtemps été celui de s’attaquer au nationalisme. On voit bien maintenant qu’il y a un retour au nationalisme et au populisme avec des politiques de repli sur soi, perçus par les pacifistes comme des facteurs de guerre. »
Des mouvements commencent d’ailleurs à remettre en cause des organisations internationales, notamment la construction européenne créée après la Deuxième Guerre mondiale pour éviter une autre catastrophe. « L’Union européenne a ses travers comme toutes institutions, mais on oublie qu’elle est une réaction directe à deux guerres qui ont presque détruit le continent. »
Le pacifisme possède deux acceptions possibles : l’action des partisans de la paix et une doctrine de la non-violence. Bien que reliés, les deux concepts se distinguent sur les plans de la théorie et de la pratique. Le pacifisme est la doctrine et l’action des partisans de la paix ou du rétablissement de la paix.
Les socialistes d’avant 1914 (Jean Jaurès), les Zimmerwaldiens durant la Première Guerre mondiale, les opposants aux guerres coloniales ou les partisans de la paix professent un pacifisme qui n’est pas toujours assimilable à la non-violence. La vision du pacifisme associé à une personne refusant le recours à toutes formes de violence est par contre beaucoup plus répandue.
La doctrine de la non-violence voit de nombreux courants philosophiques bannir le recours à toute forme de violence en vertu d’un pacifisme radical. Vision portée par de nombreux mouvements et courants de pensée à vocation générale (courants de pensée humaniste, plusieurs tendances inspirées de l’hindouisme, courants chrétiens, etc.).
(Source : Encyclopédie en ligne Wikipédia)
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