Si l’on annonçait l’offre d’achat d’Apple par Samsung, la manchette ferait la une de tous les médias du monde en une nanoseconde. L’offre d’achat hostile de l’entreprise canadienne Barrick Gold de l’entreprise américaine Newmont Mining est pourtant du même acabit dans le secteur minier plus traditionnel.
La société aurifère canadienne Barrick Gold fait une offre publique d’achat hostile de presque 18 milliards pour son rival.
Si le marché est conclu, le géant qui en résulterait serait une entreprise de 42 milliards de dollars, soit la plus grande du genre.
L’entreprise canadienne avait déjà fait part la semaine dernière de sa convoitise pour son éternel rival américain, au moment où Newmont menaçait de lui ravir sa place de leader mondial.
Newmont veut en effet débourser 10 milliards de dollars pour racheter un autre grand nom du secteur, l’entreprise canadienne Goldcorp, ce qui lui permettrait de ravir à Barrick Gold sa place de numéro un.
Les actionnaires de Goldcorp doivent se réunir en assemblée le 4 avril pour voter sur cette proposition.
Une acquisition qui manque de brillant?
Barrick propose un échange d’actions au terme duquel ses propres actionnaires détiendraient environ 55,9 % de la nouvelle entité créée, et ceux de Newmont, son dauphin, 44,1 %.
Le PDG de Newmont parle de cette tentative de prise de contrôle par Barrick Gold comme étant une décision « désespérée » et « bizarre » de la part de l’entreprise canadienne.
Des analystes et des investisseurs aussi s’interrogent sur le bon sens de cette offre d’achat hostile canadienne qui à leurs yeux s’apparente à un coup de dés lâché au casino et qui risque de déstabiliser toute l’industrie.
Les prix de l’or évoluent en dents de scie depuis la fin de la flambée des cours en 2013, et les producteurs cherchent depuis à réduire leurs coûts d’exploitation en exerçant leurs activités à grande échelle.
L’offre, si elle est acceptée, pourrait faire dérailler la prise de contrôle de Goldcorp par Newmont pour 10 milliards de dollars américains, annoncée le mois dernier. Cela remettrait en question l’avenir des trois grandes sociétés d’exploitation aurifère de la planète.
Un coup de dés canadien sur un coup de tête?
Barrick et Newmont ont déjà cherché à fusionner dans le passé
La dernière tentative remonte à 2014. L’opération avait alors échoué au dernier moment, car les deux géants miniers n’étaient pas arrivés à s’entendre sur la gouvernance de la nouvelle entité et sur le lieu du siège social : à Toronto, domicile de Barrick, ou à Denver, celui de Newmont.
Si la nouvelle offensive lancée par Barrick aboutit, elle verrait naître un géant mondial de l’or et du cuivre qui disposerait de mines en Amérique latine, aux États-Unis, en Afrique et en Australie.
Selon le président de la compagnie, John Thornton, la stratégie de Barrick au cours des dernières années a consisté à acquérir plus de mines de qualité supérieure dans le but de se départir graduellement de tous les actifs de moindre calibre ou qui ne sont pas considérés comme « stratégiques ».
Barrick Gold a été fondée en 1983 par Peter Munk et est devenue en 20 ans seulement la plus importante société aurifère du monde.
Barrick Gold a produit 5,3 millions d’onces d’or en 2017, selon l’agence Bloomberg, pour une valeur estimée à plus de 7 milliards de dollars américains.
Malgré sa position, la minière canadienne a connu de meilleures années, notamment au début des années 2010 lorsque sa production oscillait autour de 8 millions d’onces par année.
RCI avec l’Agence France-Presse, Reuters, Bloomberg et la contribution de Marie-Louise Arsenault, Jean-Sébastien Bernatchez et Doris Labrie de Radio-Canada
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