Le maire d’Hampstead, à l’ouest de Montréal, a affirmé qu’il ne s’excusera pas pour sa déclaration autour du projet de loi 21 sur la laïcité de l’État proposé par le gouvernement caquiste. William Steinberg a estimé que ce projet de loi est un « nettoyage ethnique pacifique ».
Un projet de loi qui divise dans la province
Depuis que la Coalition avenir Québec a déposé son projet de loi sur la laïcité de l’État à l’Assemblée nationale, plusieurs voix se sont élevées pour souligner les dangers pour l’intégration des immigrants et des minorités. Pour d’autres, il comporte des atouts dans l’atteinte d’un objectif qui monopolise l’attention dans la province depuis une dizaine d’années : la neutralité religieuse de l’État.
Ce projet de loi va au-delà du consensus de la commission Bouchard-Taylor et étend l’interdiction de port de signes religieux aux enseignants, aux directeurs d’écoles primaires et secondaires relevant du secteur public. Ces derniers sont considérés comme des personnes en position d’autorité, au même titre que les juges, policiers et gardiens de prison.
Si M. Bouchard est d’accord avec une partie du projet de loi, il s’oppose au fait que l’interdiction de port des signes religieux soit étendue aux enseignants et aux directeurs d’écoles.
Cette interdiction est perçue dans certaines commissions scolaires, dont English Montréal, comme une barrière érigée pour empêcher que certaines minorités accèdent à l’emploi de leur rêve. C’est ainsi que la commission scolaire a résolu de ne pas appliquer cette loi, si elle venait à être adoptée.
Allant dans ce même sens, le maire d’Hampstead a poussé plus loin son observation. Il a affirmé que le projet de loi était « un nettoyage ethnique ». Une affirmation qui a suscité un tollé à l’Assemblée nationale, où les élus de tous les partis ont dénoncé des propos exagérés, qui évoquent des événements douloureux.
Un refus de s’excuser qui entraîne le dépôt d’une plainte
Sommé de s’excuser, M. Steinberg a enfoncé le clou, soutenant que le projet de loi 21 était « un nettoyage ethnique pacifique », opposant ainsi son refus catégorique à la demande de la classe politique québécoise.
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, fait partie des personnalités qui ont émis des réserves sur le projet de loi 21, mais depuis elle est restée silencieuse après la dénonciation des propos du maire d’Hampstead par le chef de l’opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal. Lionel Perez a été le premier à condamner les propos du maire Steinberg.
Le premier ministre du Québec a estimé que M. Steinberg manque de respect à la majorité des Québécois qui appuient son « projet de loi modéré ». François Legault observe que le maire est « en train de s’isoler », en refusant de s’excuser, et que la plainte déposée devant la Commission municipale du Québec devrait le rappeler à l’ordre.
Pour sa part, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a souligné l’importance d’éviter des propos susceptibles de causer des frictions au sein de la société.
« Pour moi, les propos du maire sont inacceptables et je crois qu’il doit s’excuser. On ne devrait pas utiliser des propos comme ça […] Il y a assez de substance dans ce débat pour qu’il soit mené de façon respectueuse », a affirmé Justin Trudeau.
Après la dénonciation de ses propos, le maire s’est engagé à ne pas participer à la manifestation prévue dimanche, à Montréal, pour dénoncer le projet de loi du gouvernement Legault.
RCI avec Radio-Canada
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