Six mois après la légalisation du cannabis récréatif au Canada, le marché noir de la petite herbe n’est pas mort. Il se porte même très bien.
L’une des raisons pour lesquelles le cannabis a été légalisé au Canada était de couper l’herbe sous le pied des trafiquants. Mais les autorités étaient réalistes. Elles ne s’attendaient pas à la disparition instantanée du marché noir.
Juste avant la légalisation du cannabis, le ministre de la Sécurité frontalière et de la Réduction du crime organisé, Bill Blair, prévoyait une appropriation de 25 % du marché noir à la fin de 2018 et presque la moitié en un an. Plus réaliste, le ministère de la Justice n’entrevoyait pas l’éradication du marché noir avant au moins quatre ans.
En tout cas, ceux qui attendent la disparition du marché noir devront faire preuve de plus de patience. Depuis le lancement en grande pompe de la vente du cannabis récréatif le 17 octobre dernier, l’enthousiasme a vite cédé le pas au découragement. Le prix du gramme, loin de chuter, a plutôt connu une hausse globale de plus de 17 % depuis la légalisation, selon Statistique Canada. Le nombre de fournisseurs étant insuffisant, l’offre s’est raréfiée, d’où le gonflement des files d’attente.
Et pour les consommateurs qui s’approvisionnant uniquement dans les circuits légaux, ils paient leur gramme d’herbe en moyenne 57 % plus cher qu’au marché noir, où les prix ont légèrement baissé depuis octobre.
Autant dire que la situation fait le bonheur des petits vendeurs indépendants chez qui les consommateurs se tournent de plus en plus massivement.
Au cours des trois derniers mois de 2018, si l’on exclut le cannabis thérapeutique, le marché noir contrôlait la quasi-totalité du marché avec près de 80 % des ventes, soit 1,2 milliard de dollars, selon Statistique Canada.
Comment expliquer cette pénurie de la marijuana dans un pays où 15 % de la population en consomme? Une partie de la réponse se trouve dans la lourdeur du processus d’attribution des licences de production imposé par le ministère fédéral de la Santé.
À cela s’ajoute le fait que les producteurs de cannabis ont eu de peu de temps pour garnir leurs réserves entre l’adoption de la loi fédérale et sa date d’entrée en vigueur.
Au Québec, la Société québécoise du cannabis (SQDC) ne baisse pas les bras pour autant. Son porte-parole Fabrice Giguère affirme que la société d’État a pour objectif de prendre au marché noir 30 % de ses parts d’ici à la fin octobre et 70 % dans cinq ans.
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