Rania Khunaysir, son mari Randy Beharry et leurs enfants Nadia et Matthew étaient à bord d’un avion, en août dernier, à destination de la Jamaïque lorsque la cabine des passagers a été désinfectée avec la pulvérisation de pesticide. (Oliver Walters/CBC)
Ces résidents de Toronto n’avaient aucune idée que la cabine de l’avion serait désinfectée par les agents de bord armé de petites bonbonnes dans les minutes avant leur atterrissage en Jamaïque, malgré des lignes directrices internationales qui stipulent que les passagers devraient être informés clairement et à plusieurs reprises de cette exigence avant même leur vol. Or, Randy Beharry et sa fille de 3 ans sont tous deux asthmatiques.
« Soudain, il y a eu une annonce sur l’interphone disant que [les agentes de bord] marcheraient dans l’allée en pulvérisant un insecticide non toxique », a déclaré Mme Khunaysir dans le cadre d’une enquête menée par CBC News.
« Je m’inquiétais pour mes enfants. Mon asthme s’est déclenché en quelques minutes. J’avais du mal à respirer », explique M. Beharry.
Cette famille préoccupée par les impacts potentiels sur la santé de l’aérosol réclame à présent des règles plus strictes qui exigeraient que les passagers soient très clairement informés avant de prendre l’avion. « Je ne veux plus inhaler ce pesticide », indique Rania Khunaysir.
WestJet, Sunwing et Air Transat disent qu’elles respectent les lignes directrices en affichant l’information sur leur site web et en informant les passagers qui le demandent.
Une pratique très répandue surtout dans les Caraïbes
La pratique de la fumigation de la cabine d’un avion a commencé il y a des décennies afin de tuer des insectes qui pourraient propager des maladies. Vingt-sept pays exigent que les compagnies aériennes canadiennes pulvérisent sur les vols qui arrivent du Canada, comme la Jamaïque, la République dominicaine et le Mexique.
Deux méthodes sont utilisées, selon le site de Transports Canada : la pulvérisation d’insecticides en aérosol dans la cabine pendant que les passagers sont à bord et le traitement des surfaces intérieures de l’avion avant l’embarquement.
Transports Canada reconnaît que cette pratique pourrait poser un « danger prévisible ».
Débat autour des dangers réels ou imaginaires
Bien que l’Organisation mondiale de la santé ait déclaré n’avoir trouvé aucune preuve que les pulvérisations d’insecticides sont nocives pour la santé humaine lorsqu’ils sont utilisés conformément aux recommandations, cette pratique de longue date suscite tout de même des inquiétudes chez certains experts de la santé.
« Il n’existe pas de pesticide non toxique », dit Chris van Netten, professeur et chercheur émérite à l’École de santé publique et des populations de l’Université de la Colombie-Britannique.
Il qualifie de « non acceptable » le système généralisé de pulvérisation de pesticides et affirme que les membres de l’équipage et les passagers des compagnies aériennes doivent être mieux informés et protégés, en particulier les enfants, les voyageurs âgés et ceux qui souffrent de problèmes respiratoires.
Des études affirment que la pulvérisation peut causer de graves crises d’asthme, des irritations cutanées et des problèmes à long terme du système nerveux.
RCI avec les informations de Rosa Marchitelli de CBC News : Pesticide on planes: Parents call for changes after cabin fumigated with passengers on board
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