Une première application québécoise de réalité virtuelle afin d’expérimenter le monde tel que peut le percevoir une personne autiste vient de voir le jour. On doit ce projet à Martine Asselin et à Annick Daigneault, toutes les deux artistes en arts médiatiques et mère d’enfants autistes. On joint Martine Asselin pour nous expliquer en quoi consiste cette application.
L’application virtuelle « Les pieds en haut » offre aux spectateurs une brève incursion dans les perceptions et les sensations d’une personne autiste de 5 ans. « On vit une scène dans le quotidien de Mathys, le personnage fictif de l’application virtuelle, en compagnie de sa mère et de sa sœur », raconte en entrevue Martine Asselin.
Avec cet outil et un casque de réalité virtuelle, l’utilisateur vit les perceptions du personnage. C’est l’occasion d’expérimenter la sensibilité des enfants autistes, une manière de susciter l’empathie, explique l’artiste qui œuvre dans le documentaire. « On voulait trouver quelque chose de nouveau à proposer afin de permettre de vivre le thème de l’autisme de l’intérieur », raconte-t-elle.
Écoutez l’entrevue avec Martine Asselin (9 minutes et 5 secondes) :
Le projet a nécessité beaucoup de recherche. Il est le fruit d’expériences familiales personnelles, mais aussi de rencontre et de nombreux témoignages. « On a interrogé des personnes autistes sur leur vécu et leurs perceptions du monde. C’est à partir de tout cela que l’on a créé notre personnage incarné par les spectateurs. »
Même si l’on en parle davantage, l’autisme demeure trop méconnu, ajoute Mme Asselin. « C’est très différent d’une personne à l’autre. On parle d’un trouble du spectre de l’autisme. Il y a autant de façons d’être une personne autiste qu’il y a de façons d’être un humain. »
Ainsi pour l’artiste, l’application n’a pas la vocation à définir ce qu’est l’autisme au sens général. « C’est une interprétation de ce que l’on a reçu comme expériences. De la recherche à l’élaboration, on a travaillé en collaboration étroite avec des gens autistes, notamment un jeune artiste en début de carrière, Louis-François Archambault-Therrien. »
Les conceptrices veulent d’ailleurs poursuivre le projet en proposant d’autres expériences de réalité virtuelle. « Il faut savoir que 1 personne sur 71 est diagnostiquée autiste au Québec. On voudrait également proposer une incursion de l’autisme à l’âge adulte », explique Mme Asselin.
L’artiste voit son application comme un outil de dialogue pour permettre l’inclusion dans la société des personnes autistes. « On espère aussi faciliter la communication entre les autistes et les non-autistes. Se mettre à la place de quelqu’un d’autre, c’est déjà un début », conclut-elle.
Les personnes vivant avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA) présentent des caractéristiques qui leur sont propres. Parmi celles-ci, on trouve une altération qualitative des interactions sociales et de la communication ainsi qu’un caractère restreint, répétitif et stéréotypé des comportements, des intérêts et des activités.
L’autisme est une condition qui peut varier grandement d’une personne à une autre, chacune présentant une combinaison unique de signes et de symptômes. Le degré d’atteinte et d’autonomie est différent selon l’âge, les caractéristiques cognitives et comportementales et la présence de conditions associées. « Il est souvent dit qu’il y a autant d’autisme que de personnes autistes », pour représenter cette grande hétérogénéité interindividuelle.
D’où le terme spectre très représentatif de la variété des profils.
(Source : Fondation de l’autisme de Québec)
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