Installer une télévision dans la chambre de son enfant d’âge préscolaire l’expose à l’adolescence à des risques pour sa santé mentale et physique. Ce sont les conclusions inquiétantes d’une récente étude menée par Linda Pagani, professeure à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal.
Depuis des années, Linda Pagani s’intéresse aux habitudes télévisuelles. « Dans mon laboratoire de recherche, on s’est mis à regarder ce que pourraient être les conséquences de la présence d’un téléviseur dans la chambre à coucher, raconte-t-elle en entrevue téléphonique. On voulait voir ce phénomène sur le long terme pour bien en comprendre les répercussions. »
Afin de mener l’étude, publiée dans la revue Pediatric Research, l’équipe de recherche a suivi une cohorte d’enfants nés au printemps 1997 et au printemps 1998. « Ces enfants ont grandi et on les a suivis avec la coordination de l’Institut de la statistique du Québec », précise la professeure.
Écoutez l’entrevue avec Linda Pagani (12 minutes et 30 secondes) :
Depuis 2010, Mme Pagani, qui œuvre comme chercheuse au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, a constaté les effets des écrans. Elle rappelle que les enfants suivis sont nés à une époque où à la maison il n’y avait que le téléviseur du salon. Il n’y avait pas encore les problèmes liés à la mobilité des écrans. Aujourd’hui, la surexposition aux écrans a changé la donne.
« Un téléviseur dans la chambre à coucher est associé à toutes sortes de choses, précise-t-elle. La chambre est un endroit intime fait pour que les enfants dorment ou jouent. L’écran est une activité passive. En accumulant des périodes à regarder le téléviseur, l’enfant devient sédentaire. La chambre est aussi un lieu moins supervisé par les parents. »
En comparaison avec les enfants de 13 ans qui n’ont pas de téléviseur dans leur chambre, Mme Pagani a remarqué que les risques d’avoir des difficultés sociales et affectives étaient beaucoup plus importants, et de façon significative. « La petite enfance est un moment crucial du développement de l’enfant », rappelle-t-elle.
« Nous avons aussi remarqué que sur le plan des habitudes de vie comme l’alimentation était à risque d’être malsaine. L’indice de masse corporel était également plus grand. Il existe des risques plus élevés d’obésité. »
Pour les enfants d’âge préscolaire, les risques biologiques et psychologiques peuvent s’avérer graves. « Pendant que l’enfant reste collé devant un écran, il ne fait pas d’activité sportive ou mentale cruciale pour son bien-être », conclut-elle.
Combien de temps mon enfant devrait-il passer devant un écran? Les jeunes enfants apprennent mieux lors d’interactions directes avec des adultes qui se préoccupent d’eux. Il est préférable de limiter leur temps d’écran au minimum. Pourquoi limiter le temps d’écran de mon enfant? Très souvent, le temps passé devant des écrans se traduit par des occasions ratées d’apprentissage acquis par les interactions, les jeux extérieurs et les périodes de socialisation en famille. De plus, trop de temps passé devant des écrans accroît le risque : Comment établir des limites de temps d’écran à la maison? Il est plus facile d’établir des limites lorsque les enfants sont jeunes que lorsqu’ils sont plus âgés. En famille, fixez-vous des règles de base sur le temps d’écran, que tout le monde comprend et respecte. Envisagez de préparer un plan médiatique familial pour déterminer quand, comment et où les écrans peuvent et ne peuvent pas être utilisés. Voici quelques conseils : (Source : site Internet de la Société canadienne de pédiatrie) Lire aussi : Moins de télévision, et plus de balançoires et de ballons pour les enfants Les jeunes Canadiens trop souvent devant leurs écrans Netflix continue de se répandre sur les écrans des Canadiens
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