Notre mémoire ou d’autres fonctions cognitives sont altérées par l’insomnie chronique. C’est la conclusion d’une nouvelle étude pancanadienne dont les analyses ont été menées par le Dr Thanh Dang-vu, chercheur au Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal et professeur agrégé de neurologie à l’Université Concordia et à l’Université de Montréal.
L’insomnie chronique, c’est la difficulté de s’endormir ou de rester endormi qui survient de façon répétée, au moins trois fois par semaine et depuis au moins trois mois, rappelle en entrevue téléphonique Thanh Dang-vu.
« L’insomnie a un impact sur notre manière de fonctionner durant la journée. Elle a des répercussions sur notre vie professionnelle, notre capacité d’avoir des relations sociales ou de demeurer productif. »
Écoutez l’entrevue avec le Dr Thanh Dang-vu (8 minutes et 32 secondes) :
De plus, l’insomnie est un trouble du sommeil très fréquent, rappelle le neurologue. « Un tiers de la population canadienne en souffre. En ce qui concerne l’insomnie chronique, de 10 % à 15 % des Canadiens sont touchés. C’est une proportion qui semble accroître avec l’âge. »
L’étude longitudinale canadienne sur le vieillissement a été réalisée à l’échelle du pays auprès de 30 000 personnes âgées de 45 ans et plus. Elle concerne trois groupes d’individus : ceux souffrant d’insomnie chronique, ceux qui présentent des symptômes d’insomnie sans conséquence sur le fonctionnement diurne et ceux possédant un sommeil normal.
Grâce à des questionnaires et des tests neuropsychologiques, les personnes ont été évaluées sur plusieurs plans comme la santé et la mémoire, explique M. Thanh qui œuvre également au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal (CIUSSS).
Incapable de dormir? De plus en plus de Canadiens souffrent d’insomnie : hausse de 42 % en 8 ans. Parlez à votre médecin dès aujourd’hui au sujet des mesures à prendre pour améliorer votre sommeil. #parlonssanté #healthcanadastats pic.twitter.com/VsfhrQpzPq
— Chalmers Foundation (@ChalmersFdn) 31 janvier 2019
« On a pu observer que ceux qui avaient une insomnie chronique avaient plus de difficulté aux examens de mémoire dans lequel il devait retenir des listes de mots par rapport à ceux qui ne présentaient pas d’insomnie ou ceux encore qui présentaient des symptômes d’insomnie sans impact sur leur vie quotidienne. »
L’analyse a aussi pris en compte d’autres facteurs de la santé qui peuvent avoir un impact sur la mémoire, par exemple une douleur chronique ou l’anxiété. Le neurologue ajoute que lorsque l’on vieillit, le sommeil se modifie, il devient moins profond et plus fragmenté.
« On est plus fragile à développer de l’insomnie. On sait aussi que nos performances cognitives peuvent diminuer avec l’âge. Cela suggère que l’insomnie pourrait jouer un rôle dans ce processus. Dans un avenir proche, c’est un objectif intéressant de recherche ou de traitement afin de freiner l’apparition ou le développement de ces problèmes cognitifs qui touchent les aînés. »
- 1 adulte sur 3 vit de l’insomnie à l’occasion. L’insomnie chronique touche 10 % de la population.
- 10 % des Canadiens consomment des pilules pour dormir vendues sous ordonnance, et 16 % ont recours à des produits naturels ou à des médicaments en vente libre.
- 28 % des insomniaques utilisent l’alcool pour s’endormir, alors qu’il s’agit d’un facteur aggravant l’insomnie.
- 100 est le nombre de références à l’insomnie sur Twitter en moyenne par minute.
- Le coût de l’insomnie au Québec est de 6,6 milliards de dollars. En comparaison, le cancer coûte 14 milliards de dollars par année dans l’ensemble du Canada. 76 % des coûts de l’insomnie sont attribuables aux absences et à la perte de productivité au travail.
- 12 % des insomniaques sont insatisfaits ou très insatisfaits de leur vie, contre 4 % chez ceux qui dorment sur leurs deux oreilles.
- Les Français sont les plus grands utilisateurs de somnifères du monde. Ces médicaments sont, avec les anxiolytiques, les plus vendus sur la planète.
- 80 % des insomniaques sont rongés par l’anxiété, la peur, le stress.
(Source : MNBAQ)
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