Un enjeu électoral majeur se dessine : la création d’un régime universel canadien d’assurance médicaments
Un régime offrant des médicaments gratuitement à tous les Canadiens, peu importe leur âge et un système supérieur à celui du Québec, voilà qui pourrait devenir un des piliers de la plateforme électorale du gouvernement libéral de Justin Trudeau qui doit faire face aux électeurs cet automne.
Mercredi, Eric Hoskins, président du conseil consultatif du gouvernement libéral sur l’assurance médicaments nationale et ancien ministre de la Santé de l’Ontario, a publié des recommandations très attendues concernant la création d’un régime national d’assurance médicaments.
Un tel régime universel à payeur unique coûterait 15 milliards de dollars. Selon le Dr Eric Hoskins, le programme national permettrait aux Canadiens d’économiser 5 milliards de dollars par année.
Le Canada est pour le moment le seul pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à ne pas inclure de couverture universelle des médicaments d’ordonnance dans son système de santé publique.
Mais l’opération s’annonce politiquement délicate pour deux raisons. D’abord, au Canada, la Santé est un secteur de responsabilité avant tout provincial. Il faudra donc négocier pour qu’elles acceptent toutes d’aller de l’avant avec le fédéral. Aussi, il faudra ménager les sensibilités québécoises.
Sur papier, dans le rapport déposé par Eric Hoskins, le régime national d’assurance médicaments apparaît plus imposant et plus performant que celui en place au Québec, où les régimes privés doivent bien souvent prendre la relève du régime étatique de plus en plus coûteux pour les assurés.
Le programme pancanadien d’assurance médicaments pourrait-il abolir celui du Québec?
À quoi ressemblerait le régime d’assurance médicaments
Le rapport de 171 pages du Conseil propose la création d’une nouvelle agence des médicaments qui dresserait une liste nationale des médicaments d’ordonnance d’ici 2022 en commençant par une liste initiale des médicaments les plus courants et les plus essentiels. Une fois la pleine mise en œuvre terminée, en 2027, le coût total s’élèverait à 15 milliards de dollars par année.
Pour le moment, on estime que 1 personne sur 10, soit environ 3,5 millions de Canadiens, ne peut pas se payer des médicaments prescrits faute de moyens financiers. Plus d’un Canadien sur cinq affirme avoir omis des doses, pris des pilules fractionnées ou n’a pas rempli des ordonnances pour épargner de l’argent au cours de l’année précédente.
Pas de régime national d’assurance médicaments sous un gouvernement conservateur
Le chef conservateur Andrew Scheer dit qu’il ne fait pas confiance aux libéraux pour mettre en oeuvre un nouveau régime universel d’assurance médicaments proposé par un conseil consultatif gouvernemental. » Je ne crois pas que quiconque pense que lorsque les libéraux annoncent des programmes de dépenses de plusieurs milliards de dollars, ils vont économiser de l’argent, a-t-il dit. Le fait est qu’ils font cette promesse depuis 1997 et qu’à la fin d’un gouvernement en proie à un scandale, ils essaient de la faire avancer. »
Il a déclaré qu’un gouvernement conservateur prendrait tout de même des mesures pour réduire le prix des médicaments et améliorer l’accès pour ceux qui n’en ont pas les moyens, en comblant les » lacunes » du système.
Le Nouveau Parti démocratique s’engage pour sa part à établir un régime public et universel d’assurance médicaments.
Une couverture universelle des médicaments ferait-elle vraiment économiser des milliards?
Une vaste étude montrait il y a deux ans qu’une couverture universelle sur 100 médicaments essentiels, représentant 44 % de toutes les ordonnances délivrées au Canada, ferait épargner aux patients jusqu’à 3 milliards de dollars par année.
Les résultats de cette étude, publiés lundi dans le Journal de l’Association médicale canadienne, indiquaient qu’un système à payeur unique qui fournirait l’accès précisément à 117 médicaments à tous les Canadiens permettrait de combler les lacunes qui existent dans les programmes de soins de santé provinciaux.
Les 117 médicaments d’ordonnance incluent des antidépresseurs, des contraceptifs oraux, des analgésiques et des médicaments pour contrôler la pression artérielle et le diabète. Les exemples incluent aussi l’insuline et certains antibiotiques.
RCI avec La Presse canadienne, les informations de Kathleen Harris de CBC News et la contribution d’Alice Chantal Tchandem Kamgang de de RCI et de Bis Petitpas, Madeleine Blais-Morin et Jacques Dufresne de Radio-Canada
En complément
Assurance médicaments : ce serait une erreur d’imiter le régime québécois, dit la FTQ – Radio-Canada
Ottawa s’inspire de mesures sociales déjà en place au Québec – RCI
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.