Il y a cinq semaines, alors que le président américain signait un décret visant à renforcer les dispositions de la politique « Buy American », les entreprises canadiennes se posaient la question : Joe Biden allait-il offrir aux exportations canadiennes une exemption à cette politique pour qu’elles conservent l’accès aux milliards de dollars en biens et services que se procure chaque année le gouvernement américain.
Un rapport du gouvernement américain de 2019 indique que, sur les 290 milliards de dollars de contrats délivrés en 2015, les entreprises canadiennes ont obtenu des contrats d’approvisionnement d’environ 674 millions.
Le premier ministre canadien a abordé la question directement avec le président Biden à au moins deux reprises. Les deux hommes se sont engagés à en discuter et à travailler en étroite collaboration sur ce sujet. Il semble que les discussions ont ouvert la voie au secteur vert canadien.
Un rapprochement autour du combat contre le réchauffement
Avec la perspective d’une exemption générale, qui semble cependant peu probable, le Canada cherche un accord qui permettrait à ses entreprises de prendre part à la poussée de l’administration Biden en faveur de l’énergie verte. C’est ce que vient de révéler Steve Verheul, négociateur commercial en chef du Canada.
« La perspective d’obtenir une exemption complète des dispositions Buy American est quelque chose qui ne sera probablement pas politiquement possible aux États-Unis », a-t-il déclaré, mardi, à une commission parlementaire à Ottawa.
M. Verheul a déclaré aux députés que le Canada cherche à obtenir des exemptions sectorielles dans les négociations avec les États-Unis. Il a ajouté que le domaine dans lequel les deux pays pourraient travailler ensemble est celui de l’énergie verte et d’autres projets écologiques.
« C’est le principal domaine sur lequel nous nous penchons, car c’est, je pense, celui où nous pouvons très facilement nous aligner sur les États-Unis, démontrer que ces marchés, comme beaucoup d’autres, sont très intégrés et que nous pouvons produire beaucoup de ces types de biens et de services ensemble », a-t-il dit.
Le Canada a l’avantage, a ajouté M. Verheul, d’être un fournisseur beaucoup plus fiable pour les États-Unis que d’autres pays pourraient l’être en matière d’investissements dans l’énergie verte.
Un bras droit de Joe Biden abonde dans le même sens
L’espoir d’une exemption de la politique Buy American pour les technologies propres canadiennes était alimenté mardi par les propos du principal responsable du président Biden pour le climat, l’ancien secrétaire d’État John Kerry.
S’adressant à un forum virtuel hébergé par le gouvernement canadien, M. Kerry a déclaré que le Canada et les États-Unis sont connectés sur les questions climatiques et que les deux pays ont tout à gagner économiquement dans la poursuite d’émissions nettes zéro.
« Nous savons que nos destins sont liés sur cette question, a-t-il ajouté dans une vidéo diffusée dans le cadre de la Journée des Grands Lacs 2021. Les États-Unis et le Canada connaissent des impacts climatiques similaires dans l’Arctique, le long de nos côtes et sur tout le continent.
« Nos politiques sont également profondément liées. Nous partageons un système énergétique et une chaîne d’approvisionnement en véhicules. Nous avons également tout à gagner de l’occasion économique que représente la construction d’un avenir énergétique propre. Les États-Unis et le Canada peuvent, ensemble, créer des millions de bons emplois bien rémunérés pour atteindre un avenir net zéro. »
Rappelons que le renforcement de la politique Buy American annoncé le 25 janvier dernier est survenu quelques jours seulement après que Biden eut révoqué le permis du pipeline canadien Keystone XL en territoire américain. Cela a tué de fait le plan de 8 milliards de dollars visant à acheminer le pétrole des sables bitumineux canadiens vers la côte américaine du golfe du Mexique.
RCI avec CBC News
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